Une sédentarité heureuse évoque une vie bien remplie faite de marches, de jardinage et de hautes rêveries sous le ciel. Il s'agit pour l'auteur de rendre compte d'un voyage immobile dans un coin préservé de l'Auvergne, proche de la Creuse des étangs et des tourbières. Sous la forme de chroniques, les mots en rendent la simple vérité :
Quelques échanges avec des jeunes restant au pays, la solitude, la neige et la pluie, la nostalgie de l'enfance et les vies en devenir. La maison familiale est au coeur du livre, un tel ancrage permet de laisser résonner en soi et alentour la musicalité des saisons et des jours. Ces pages font l'éloge d'une belle vie en creux. Parions que les lecteurs y croiseront la lenteur que l'existence leur confisque. Un ralenti verdoyant, positif et partageable.
Patrick Cloux décrit et raconte l'année pratique et régulée d'un apiculteur. Il entrecroise cela avec l'évocation d'un auteur, des peintures d'une église romane, celle des parterres fleuris ou le bricolage d'un apiculteur dans un village grec... Le lecteur peut en apprendre un peu sur la vie, l'ordinaire, les rythmes, les interventions autour d'un rucher mais il ne s'agit pas du tout d'un livre technique. Il poursuit la célébration ordinaire et purement littéraire du bonheur qu'il y a à faire autant de gestes particuliers pour mener un rucher.
Livre gigogne qui évoque les anciennes Halles au centre de Paris, leurs foisonnants équipages, leur luxuriante énergie populaire et baroque. Puis brusquement leur fin. Livre «Au fil des rues» que l'on parcourt en compagnie d'un attachant quarteron d'auteurs - Cendrars, Seignolle, Yonnet, Clébert et Giraud - «Clochards insolites» débusqués aux comptoirs des troquets animés du Paris d'après-guerre et dont les oeuvres résonnent aujourd'hui encore pour tous les amateurs du «temps perdu».
J'ai tenté ici de mettre en mouvement un certain regard porté sur le paysage.
D'où mes promenades sans but, nourries d'analogies et d'objets de nature, mais aussi ce besoin participatif de dire les choses aimées par les livres lus. Voilà donc mon amour des pierres, des bouts de bois paradoxaux rencontrés sur les chemins. Une sorte de Land Art particulier, privé, et cependant résonnant chez d'autres, traversant le jeu sans fin des formes à découvrir, des collections, des noeuds entre le réel et l'abstraction.
Je ne sais pas si j'y suis parvenu, mais c'est ainsi, donné, direct, décidé : une tentative d'appropriation du monde, l'éloge du pacte qui nous ramène aux arbres et à l'herbe, aux traces et aux mots. Patrick Cloux
Plus qu'un hommage, c'est bien d'une célébration qu'il s'agit. Car André Hardellet (1911-1974) est, pour l'auteur, un phare, un saint patron, un modèle et, plus que tout, un ami. Petit maître pour les uns, écrivain modeste pour d'autres, ce promeneur mélancolique a marqué pour toujours ses amateurs par sa "prose ouverte, savante, mais aussi sensuelle, subtile, rigolarde et populaire. Sa prose inquiète et visionnaire, dotée du petit matériel indispensable de l'humour en ruine".
Patrick Cloux, en chef de file de la société (secrète et fraternelle) de ses lecteurs, entend faire découvrir son oeuvre providen- tielle et paradoxalement cachée, et lui rallier quelques inconditionnels supplémentaires. "Donnez-moi le temps" implorait un titre d'Hardellet ! C'est ce que fait ici, sans réserve, le bel essai d'un admirateur enthousiaste et reconnaissant.
Journal de deuil intermittent, entre travail de mémoire et d'accompagnement de l'aimée qui lutte pour «durer encore». Un livre-portrait écrit avec et sans distance, à l'épreuve de la maladie, et qui est avant tout un chant d'amour, de tristesse et de force.
« Le peuple étriqué et coincé dont je sortais, jeune, meurtri, curieux, timide et assez mal assuré, avait donc lui aussi ses artistes, son droit de voir, ses perplexités et ses accroches lumineuses. Un arbre plein de lucioles m'éclairait. Il me changeait de la misère ambiante, du rétrécissement familial où je végétais, de l'absence de perspective et de beauté. Le Merveilleux était derrière ces portes. Il fallait avancer... » Fidèle à une méthode éprouvée dans ses livres précédents, l'auteur examine diverses mani- festations de l'art à la lumière de souvenirs de sa jeunesse, évoquant une enfance démunie dont l'art et la littérature sont venus combler les manques affectifs. En « nostalgique de l'avenir », c'est à la « création libre des couches populaires » qu'il s'intéresse principale- ment, à quelques naïfs, à divers singuliers, bruts répertoriés comme bricoleurs oubliés qu'il entasse dans sa brocante imaginaire, son insolence stimulée par l'insolite et son goût du coq à l'âne bousculant les « conventions esthétiques ». Sa rêverie buissonnière nous invite ainsi à un inspirant dimanche à la campagne.
Parce que les livres comptent pour moi presque un peu trop, j'ai eu envie d'écrire quelque chose dans l'amitié du Merveilleux, précisant ce que je sens, qui lie la faculté de s'émerveiller à une certaine forme de désarroi et de précarité.
Depuis bientôt dix ans, je suis libraire et je vois trop de lecteurs désabusés ou simplement déçus. En tout cas, pas assez reliés à ce quelque chose qui s'apparente à la magie, et n'en est pas, mais qui fait que dans la grande liberté de l'imaginaire, on aime un livre plus que tout. Aussi ai-je eu envie de donner corps à quelques passions, à quelques grands attachements littéraires et émotifs, où j'ai cru me réconcilier.
J'aimerais en transmettre une part, donner envie de les lire. Ce livre est une modeste proposition, plus promenade qu'apologie, attentive surtout à révéler, à souligner ces quelques enchantements. C'est avant tout un remerciement à la vie d'être pour moi ce qu'elle est. C'est-à-dire ce qu'on en fait lorsqu'on la rêve.
Carnet d'un jeune collectionneur, rêveur observateur de ce qui ne bouge pas ou pas trop vite, de ce qu'on ne prend pas la peine de regarder : cailloux, bouts de bois, façonnés par la nature comme par la main d'un homme.