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Jean Meckert (1910 - 1995) L'antidote à Louis-Ferdinand Céline
Jean Meckert fait partie de ces romanciers contemporains que n'aime guère l'Université, tant leurs personnages et leur écriture sont éloignés des dogmes qui règnent souvent sur l'enseignement des lettres. Au carrefour du populisme, de l'anarchisme et de l'esthétique du « polar » moderne, violemment engagé dans les combats contre l'exploitation des hommes, Meckert a sans doute souffert d'être un autodidacte. Né le 24 novembre 1910 à Paris, il est le fils d'un employé de la compagnie des omnibus, un libertaire qui sera fusillé en 1917 pour mutinerie. Sa mère, internée pendant deux ans, n'eut ensuite pas d'autre choix que d'être femme de peine jusqu'à la fin de ses jours. Rébellion et humiliation : figures parentales et choix éthiques se conjuguent pour façonner un révolté dressé contre le monde des puissants, du mensonge et de l'injustice.
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Au lendemain de la guerre, René Le Guen est condamné à la peine capitale pour avoir commis trois meurtres. En attendant l'issue du recours en grâce, il revient sur son passé et l'enchaînement des petits faits qui ont construit sa vie et le conduisent, finalement, au pied de l'échafaud. Ce n'est pas un philosophe, c'est donc avec naïveté qu'il partage ses tourments et ses interrogations avec ses compagnons de cellule. Et même si Le Guen n'a rien d'un individu sympathique, le lecteur ne peut sortir indemne du flot de questions qu'il soulève et qui font de ce roman un redoutable plaidoyer contre la peine de mort.
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Dans la veine de son roman Les coups, Jean Meckert décrit dans L'homme au marteau le quotidien répétitif et étouffant d'un employé du Trésor public, Augustin Marcadet, que ne distrait pas une morne vie de famille. On est en juillet, seules varient les étapes du Tour de France. Dans un sursaut, Augustin Marcadet insulte son chef et claque la porte. Il va tenter de fuir sa condition et de se laisser aller à un éclair de passion amoureuse. Mais l'échappée est éphémère.
Meckert met en scène un personnage maladroit et indéterminé, aux prises avec sa médiocrité, ses rêves, et une révolte qui, quelle qu'en soit l'issue, donne un sens à sa vie.
Le style vert et imagé, âcre et rageur à l'image de la vie du protagoniste, illustre le travail d'écriture cher à l'auteur.
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On votait pour la paix, on payait pour la guerre. Partout les innocents, enfournés par wagons, roulaient dans les nuits calmes. Et ceux qui pleuraient le faisaient en silence.
Inhumain. C'est l'adjectif qui revient le plus souvent à l'esprit lorsqu'on lit ce texte. La marche au canon, c'est la lente dégradation de l'honneur, la guerre que l'on fait à coups de canons (celui qui tue et celui que l'on boit pour oublier les atrocités).
Le narrateur n'est pas né pour être un héros. Très vite, il se rend compte que tous les militaires, les non-gradés, ne sont bons qu'à faire de la chair à canon pour ceux qui gouvernent, pour les patrons. Ils essaient d'oublier, à coups de mauvaises plaisanteries mais la réalité est là qui leur colle aux basques.
C'est l'horreur de la guerre, écrite avec sobriété, mais où la cruauté des faits emplit le lecteur d'une mélancolie infinie.
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Elsa Lundenstein, directrice des laboratoires pharmaceutiques Vaudrémont, est jugée pour le meurtre de Maurice Vaudrémont, dont elle est depuis huit ans la maîtresse. Elsa a promis à son amant en phase terminale d'un cancer de l'aider à mourir le moment venu. Mais, au regard de la loi, l'euthanasie est un meurtre. Geste d'amour ou acte intéressé d'une femme qui se sait l'héritière de trente-cinq millions ? C'est ce que devront décider les sept jurés réunis pour la juger. Comme à son habitude, Meckert stigmatise les aberrations et les dérèglements d'une justice qui se rend au nom de valeurs et de principes bourgeois et aborde de manière extrêmement moderne la question de l'euthanasie.
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En 1952, Meckert est envoyé à Lurs par le journal France Dimanche pour couvrir ce qui deviendra un des faits divers les plus retentissants du siècle : l'affaire Dominici. Deux ans plus tard, Meckert revient sur cette expérience et examine le rôle tenu par les médias dans le développement de l'affaire. Entre faits bruts et récits à scandale, il tente d'analyser le travail de journaliste et livre son propre point de vue sur des faits qui, cinquante ans plus tard, continuent de susciter des commentaires et d'alimenter des fictions.
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Chez les anarchistes : reportages, nouvelles et autres textes
Jean Meckert
- Joseph K
- 15 Avril 2021
- 9782910686826
Lorsque paraît son premier reportage, en janvier 1946, Jean Meckert a déjà publié Les Coups, L´Homme au marteau et La Lucarne chez Gallimard où il fait figure de jeune auteur prometteur. Ses reportages, pour la première fois réunis en recueil, mettent à la une d´Essor les conditions matérielles des « humbles », désenchantés par les lendemains de la Libération en laquelle ils avaient mis tous leurs espoirs. Brutalement ramenés à la réalité des restrictions, du marché noir et de la misère, ils sont confrontés aux « puissants du moment », profiteurs de guerre, affameurs, politiques ou fonctionnaires. Dans le style brut qui est la marque de ses romans, eux-mêmes inspirés d´une réalité vivante et autobiographique, Jean Meckert recueille témoignages et confidences, ou brosse les portraits ironiques des révolutionnaires de tous ordres. Les nouvelles et autres textes qui complètent ce recueil, où l´on retrouve ces «?humbles » que rien n´épargne, sont écrites d´une même encre noire.
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à vingt ronds. Non, ce qu'il y a de terrible, c'est que insidieux, ça vient petit à petit, en douce, comme une vache de tuberculose, on se croit encore bien portant, on crâne et puis on tombe en pourriture. Là, c'est pas le poumon, la vessie ou le pancréas qui est atteint, c'est le moral et tout le reste par contrecoup.
Je ne saurais pas dire exactement comment cela a commencé, ça date probablement de bien loin, il y a fort longtemps qu'on m'a privé de la plus élémentaire confiance en moi. Sur les bancs de l'orphelinat d'abord, avec cette odieuse morale qui faisait de moi un petit saint dont tout le monde profitait. En apprentissage ensuite, puis dans de vastes bureaux de comptabilité, au régiment, partout à se faire engueuler, amoindrir par des types dont je n'osais plus croire qu'ils ne me valaient pas.
Cette chambre pouilleuse, c'est devenu rapidement pour moi autre chose qu'un abri, c'était mon dernier retranchement, mon refuge contre le monde qui voulait me bouffer.
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De l'hospitalisation qui n'effacent pas les séquelles de deux heures de coma, il veut comprendre ce qui le laisse ainsi anéanti. Débute alors une lente enquête et une profonde méditation sur son passé, puis naît peu à peu l'idée d'un roman dont le narrateur serait un écrivain devenu amnésique.
Abandonnant ses habituels personnages de série noire, ce romancier choisit de faire de l'enfant qu'il fut, et que la mémoire a gardé intact alors que le souvenir des événements récents a disparu, le protagoniste de son prochain ouvrage, la mort de la mère puis celle de la soeur de Jean Meckert vont brutalement rendre l'écriture de l'oeuvre plus impérative encore, ces deux êtres disparus devenant les figures centrales de l'entreprise romanesque, la fiction se mêle alors intimement aux réalités saillantes de son existence.
Jean Meckert faisant de sa biographie l'essence même de Comme un écho errant. Adressé en 1986 aux Editions Gallimard, l'ouvrage est chaleureusement accueilli par Roger Grenier, mais refusé par les autres lecteurs qui lui reprochent de n'avoir pas choisi entre la biographie documentée et le roman psychologique. Terminé moins d'une dizaine d'années avant sa mort, ce roman autobiographique est ainsi resté inédit jusqu'à ce jour.
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Un adolescent communiste est assassiné par quatre de ses camarades dans une école de plein air en Savoie. Narcisse, le jeune moniteur qui narre l'histoire, décide d'abord de maquiller le crime en accident... ce qui arrange les coupables et le directeur. Mais ce personnage solitaire qui se décrit comme un «monstre», à la sexualité et aux valeurs incertaines, va peu à peu affirmer sa solidarité avec les autres adolescents qui réclament justice et vont jusqu'à la révolte ouverte. Elle sera matée, Narcisse expulsé, restera aux enfants à allumer un incendie vengeur et purificateur...
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Les oeuvres de Jean Meckert Tome 9 : La lucarne
Jean Meckert
Coup de coeur- Joelle Losfeld
- Arcanes
- 11 Avril 2024
- 9782073061140
La Lucarne, entr'ouverte sur tout ce qui n'est plus quotidien, c'est l'histoire triste et profonde d'un petit gars qui fait une crise de mysticisme. Faiblard, quelconque et malheureux, Édouard Gallois reçoit brusquement au coeur une émotion étrange, d'une puissance hallucinante et d'un poids extraordinaire : il doit lutter pour la Grande Paix du monde ! L'humble gars est fécondé, transformé ; toujours
aussi faible, aussi insignifiant, mais animé d'une flamme intérieure qui le met dans la voie des seuls vrais hommes, ceux qui refusent le
bonheur, pour la souffrance et l'esprit de sacrifice. Il est fécondé, et un message se précise en lui, bouleversant et profond : «Il faut former la Grande Armée de la Paix... II faut que l' Homme devienne plus fort que ses canons...» Et il parle comme malgré lui ; il clame la grande nécessité de remettre l'humain au-dessus des grandes idées déjà consommées. Il est humain, profond et neuf. Il est vrai, génial et lamentable. Il apporte sa vision intérieure, d'un caractère puissant et mystique... ...Mais le vent de l'esprit. la foudre aux grands
hommes s'est trompée de terrain. Édouard Gallois n'a pas la taille... À I'occasion d'un drame atroce, sa femme tentant de le tuer, il reçoit un choc moral qu'il ne peut surmonter. Sa grande pensée avorte en lui ; il redevient quelconque, avec des joies et des peines au niveau du commun. La lucarne s'est refermée... -
«C'est l'histoire toute simple d'un gars qui fait le manoeuvre dans des petits ateliers de mécanique. Félix tente d'expliquer en phrases saines et drues son désarroi d'être incompris et de mal comprendre. Que ce soit dans ses discussions avec ses patrons, avec les cousins ou avec sa femme, Paulette, Félix souffre toujours de savoir mal s'exprimer. Il lui arrive même d'entrer en conflit, dans l'esprit de sa femme, avec de superbes mots de roman-feuilleton, et de perdre la bataille. Alors, il bat sa femme, au bout du désespoir. Tout comme on est contraint de faire la révolution lorsque les mots, les échanges et finalement l'existence ont perdu tout leur sens profond pour sombrer dans la vulgarité des idées trop couramment reçues et trop rarement ressenties.» Jean Meckert.
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C'est en 1947 que Jean Meckert publie Nous avons les mains rouges.
Quatre mois avant Sartre, il s'attaque à la Résistance et à l'épuration qui a accompagné la Libération.
De quoi parle ce roman noir et puissant ? Laurent Lavalette est embauché dans la scierie de d'Essartaut, un veuf qui vit dans les montagnes avec ses deux filles et un homme à tout faire, Armand.
Laurent apprend vite que le patriarche est à la tête d'un réseau de résistants qui n'a pas déposé les armes et qui, régulièrement, organise des expéditions pour punir ceux qui se sont enrichis durant la guerre tandis que d'autres se battaient. Malgré les réticences de Laurent à s'engager dans des mesures expéditives, il prête cependant parfois main forte.
Pour ses partisans qui n'ont pas mesuré leurs efforts durant la Guerre, la Libération a un goût amer, elle ne tient pas ses promesses d'égalité, de justice et de grand chambardement. Toutefois cette lutte sanguinaire laisse Laurent perplexe : « Laurent se demanda un moment en quoi cette doctrine différait du fascisme contre lequel ces résistants avaient combattu. » Comme dans la plupart des romans de Meckert mais aussi dans ceux qu'il écrira plus tard pour la Série Noire sous le pseudonyme d'Amila, le protagoniste de Nous avons les mains rouges est cet homme droit mais seul, réfractaire aux embrigadements de tout genre.
Passionnant document sur un moment d'Histoire trouble et peu visité, ce roman est dans le même mouvement profondément humain.
Présenté par Stéfanie Delestré et Hervé Delouche
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Les œuvres de Jean Meckert Tome 8 : la ville de plomb
Jean Meckert
- Joelle Losfeld
- Arcanes
- 7 Octobre 2021
- 9782072956249
La ville de plomb, c'est le titre d'un roman qu'écrit Marcel, un tout jeune dessinateur industriel, pour se libérer du quotidien, pour exprimer sa peine, ses espoirs et surtout l'impression pesante, étouffante, que fait sur l'âme de l'adolescent qu'il est encore le monde affreux qu'est le nôtre. Mais la ville de plomb, c'est aussi Paris, le Paris de Belleville, que Jean Meckert, dans ce livre d'un réalisme puissant, ,vrai, sans faiblesse, sans complaisance, fait vivre intensément grâce à une intrigue très simple:Étienne et Marcel, deux tres jeunes gens de Belleville, sont tous les deux épris, d'une dactylo, Gilberte. Leur inquiétude, Ieur timidité, leur inexpérience de la vie compliquée d'un manque total d'illusion, leur sensualité qui se cherche, les rendent tous trois terriblement maladroits. Sans doute Gilberte, après des tentatives amoureuses décevantes, trouvera-t-elle avec Marcel le chemin d'un bonheur possible, mais ce n'est là que l'apparence d'une heureuse conclusion. Le débat, si l'on peut dire, reste ouvert, ce débat navrant d'âmes de faibles avec un monde fort, fermé, un monde de rats, un monde impitoyable, un monde de plomb.
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Règlement de comptes : et autres nouvelles policières
Jean Meckert
- Joseph K
- 11 Janvier 2024
- 9782910686918
Après Les Coups, qui connaît un succès critique et public, Jean Meckert, soutenu par Raymond Queneau, quitte son métier de fonctionnaire pour se consacrer entièrement à l'écriture. Sous les pseudonymes de Duret ou Duvivier, il fait paraître une vingtaine de fascicules policiers ou sentimentaux.
Le présent ouvrage rassemble les récits policiers offrant une facette méconnue de la production littéraire du jeune auteur de la NRF qui, quelques années plus tard, publiera, sous le pseudonyme de John Amila, Y'a pas de Bon Dieu ! à la «â€‰Série Noire », le premier d'une longue série de romans noirs dont Didier Daeninckx et Patrick Pécherot revendiqueront l'influence.
Règlement de comptes et autres nouvelles policières apparaît ainsi comme le lien entre la littérature blanche de Jean Meckert et la littérature noire de John Amila, l'auteur prenant ses distances avec le récit de détection pour puiser son inspiration dans le réalisme de la vie quotidienne ou l'intensité sanglante du fait divers.