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Un enfant arrive en hiver dans une région de haute montagne. Parisien il découvre la neige pour la première fois. Un décor impensé, impensable se dresse devant lui, cerné de pics et de glaciers qui par instant se dessinent dans l'épaisseur du brouillard. Dans cette vallée isolée en haute montagne, à courte distance du Mont-Blanc, la nature règne en maître au rythme des saisons, ces cycles immuables au cours desquels des hommes et des femmes, des gosses, aux vies modestes mais d'une humanité décuplée par le sens et la nécessité de leurs tâches, vont partager leur monde avec ce citadin, ébahi.
Temps de guerre, temps de tourments, temps de fuite, irruption de la montagne comme recours ; ces pages magnifiques sont une échappée salvatrice.
Valentine Goby donne probablement ici le meilleur de ses romans, la portée de son livre est fascinante. Toute l'altitude d'un écrivain.
Haru, un marchand d'art japonais, un homme solitaire, séducteur, amant le temps de dix nuits de Maud, une Française de passage à Kyoto, perd sa légèreté le jour où celle-ci lui interdit d'approcher l'enfant née de leur liaison. Littéralement bouleversé, Haru éprouve un sentiment paternel irrépressible. Il accepte pourtant la cruelle injonction. Par l'entremise d'un photographe dont il achète les services et la discrétion, il va dorénavant passer sa vie à observer sa fille Rose au fil des images volées. À travers cette histoire se dessine la vie d'un Japonais habité de beauté et d'invisibles, un personnage d'une grande intériorité entouré d'amis avec lesquels il traverse désastres, désespoirs et commencements.
Les lecteurs de "Une rose seule" reconnaîtront le personnage de Haru et celui de Rose, sa fille tant aimée, du magnifique Keisuke, de Beth, Sayoko et Paul, les complices. Si "Une heure de ferveur" peut composer un diptyque avec "Une rose seule" (72 000 ex. en édition courante, parution en Babel ce mois de mai), ils peuvent se lire totalement indépendamment.
Après "L'invention des corps" et "Le grand vertige", toujours en phase avec les vibrations du monde, Pierre Ducrozet change de focale pour raconter une famille dont l'astre vital est la musique, une famille où l'amour (et les malentendus) circulent dans toutes les tonalités. Où l'on retrouve son énergie, sa plasticité, sa vitesse au service d'une profondeur nouvelle dans une anti-saga affranchie des modèles, une histoire intime, sauvage et informelle de la musique au XXe siècle, un roman qui danse et qui sonne comme un concert et une tempête. Au plus près des personnages, dans l'exploration de ce qui les lie et les délie, "Variations de Paul" nous happe et nous bouleverse.
Xavier, un archéologue ferroviaire se perd en pleine nature sur les traces de ces lignes de chemin de fer abandonnées qui ont emporté avec elles des villages et de petites communautés humaines désormais dispersées. Benoît, son frère, presque un jumeau, n'est jamais très loin. A la disparition de leur mère, bien que présentant des troubles autistiques, c'est lui qui saura recomposer ce qu'ils n'avaient pas vu, connu de cette femme. Quant à Clara, l'amie de Xavier, elle travaille à une thèse sur les écrivains qui un jour décident de ne plus écrire, là aussi des lignes s'interrompent.
Que faisons-nous de l'existence des disparus ? Pourquoi les choses s'arrêtent, disparaissent ? Un roman où l'image que nous gardons des disparus se libère des émotions, les transformant en personnages inoubliables qui nourrissent nos imaginaires et enchantent nos vies. Un livre singulier, d'une intense délicatesse.
Un viol, une disparition (vécue comme un abandon), un passage à tabac, trois moments de violence inouïe qui creusent la béance sur laquelle s'échafaude, dès avant l'âge « adulte », la jeune vie d'un garçon homosexuel. Trois souvenirs d'adolescence qui signent plus encore que la fin de l'innocence, la fin prématurée des promesses. Ce texte brûlant, le plus intime et le plus cru de Daniel Arsand, peut se lire comme le making of de son incroyable roman, "Je suis en vie et tu ne m'entends pas". Mais aussi, comme le un-making de toute une vie ou les effets des violences sexuelles sur la vie et la construction de ceux qui les subissent.
Une Cité portuaire, une succession de dérèglements, de disparitions : un enfant, un morceau de terre, un Guide Suprême déjà mort plusieurs années auparavant... Ronde de personnages saisis au coeur du vertige - des hommes et des femmes « qui tombent », en somme -, mystère topographique, plongée dans les sables mouvants de l'intranquillité contemporaine, un premier roman-monde en haute définition et diablement DeLillien par un auteur-regardeur de 26 ans doué d'une puissance d'évocation impressionnante.
Hélène a bientôt quarante ans. Elle est née dans une petite ville de l'Est de la France. Elle a fait de belles études, une carrière, deux filles et vit dans une maison d'architecte sur les hauteurs de Nancy. Elle a réalisé le programme des magazines et le rêve de son adolescence : se tirer, changer de milieu, réussir.
Et pourtant le sentiment de gâchis est là, les années ont passé, tout a déçu.
Christophe, lui, vient de dépasser la quarantaine. Il n'a jamais quitté ce bled où ils ont grandi avec Hélène. Il n'est plus si beau. Il a fait sa vie à petits pas, privilégiant les copains, la teuf, remettant au lendemain les grands efforts, les grandes décisions, l'âge des choix. Aujourd'hui, il vend de la bouffe pour chien, rêve de rejouer au hockey comme à seize ans, vit avec son père et son fils, une petite vie peinarde et indécise. On pourrait croire qu'il a tout raté.
Et pourtant il croit dur comme fer que tout est encore possible.
Connemara c'est cette histoire des comptes qu'on règle avec le passé et du travail aujourd'hui, entre PowerPoint et open space. C'est surtout le récit de ce tremblement au mitan de la vie, quand le décor est bien planté et que l'envie de tout refaire gronde en nous. Le récit d'un amour qui se cherche par-delà les distances dans un pays qui chante Sardou et va voter contre soi.
"Ada parlait de son enfance tantôt comme d'un tapis moelleux, tantôt comme d'une tache qui ne s'efface pas." Au cours de conversations nocturnes avec Ada Boetti, dans son appartement du quartier de Pigneto qu'elle lui confie en son absence, le narrateur plonge dans les souvenirs d'enfance de son hôtesse, découvre son frère, Angelo, et toute une enfance à l'ombre d'un bonheur fragile, trop tôt foudroyé.
Happé, ensorcelé par ces autres vies que la sienne, le voilà qui, à son tour, pénètre comme par effraction la mémoire d'Ada et, de Rome à Londres, s'élance à la rencontre d'Angelo.
Un premier roman sortilège, à la fois moderne et atemporel, mélancolique et voyageur, où rêverie et réminiscence se confondent parfois dans un mouvement perpétuel à travers une Europe éminemment littéraire.
Saga familiale sur fond de totalitarisme, roman d'apprentissage, récit amoureux et portrait d'un artiste qui cherche la voie de son accomplissement, "La Fin" a été salué comme l'un des grands romans hongrois de la décennie écoulée.
Ce livre est le roman d'une vie. Celle de Simón, au rythme de Barcelone. Le petit garçon fait ses premiers pas dans le bar familial, son cousin Rico le prenant sous son aile et lui faisant voir le monde sous l'angle du merveilleux. Mais un jour, Rico disparaît. Simón doit alors se confronter à la réalité, et grandir. Et si l'existence qu'il avait menée jusqu'à présent n'était qu'un leurre ? S'il s'était perdu dans les artifices habilement mis en scène par son cousin ? Peut-être est-il aujourd'hui prêt à recommencer de zéro, cette fois-ci pour de bon... avec le roman de sa vie. La sienne, enfin.
Au coeur d'une Barcelone (é)mouvante, de la veille des Jeux olympiques d'été de 1992 jusqu'au printemps 2018, en passant par les attentats des Ramblas, le lecteur suit une génération entière racontée à travers ce personnage candide, charismatique et amoureux, à la fois Petit Prince et jeune Quichotte des temps modernes. Dans ce formidable roman d'aventures, l'auteur questionne notre rapport, si mystérieux, à la fiction depuis l'enfance.
La narratrice de ce livre vit dans une ancienne école maternelle. Tout y est petit, au format de ceux qui autrefois la fréquentaient. Cette femme accorde en ces lieux fossiles une attention très particulière à l'une des pièces, un endroit de mémoire où sont déposées d'étranges petites boîtes.
Parfois cette dame marche dans la nuit en compagnie d'un certain M. Baryton, un homme charmant pour lequel elle déchiffre des messages. M. Baryton voit clair pourtant mais ce sont les mots de son aimée qui semblent s'amenuiser sur le papier en même temps qu'elle.
Certains soirs sur la colline, aux abords de la ville, des inconnus attendent le passage d'un souffle, d'un brin de vent. La dame de l'école maternelle sait qu'ils écoutent en pleine nature une musique inaudible pour tout autre qu'eux-mêmes, un chant issu du lointain. Une présence absente.
Ne lisez pas les livres de Yôko Ogawa sans écouter chaque phrase, sans entendre ses mots et l'écho qu'ils produisent. Si vous leur accordez une réelle attention, leur sens se dépliera littéralement sous vos yeux.
L'oeuvre de Yôko Ogawa est mondialement connue. Petites boîtes est son vingt-sixième livre traduit en français.
Réunis dans une chambre d'hôpital à Hobart en Tasmanie, Anna et ses deux frères veillent leur mère, Francie, récemment victime d'une hémorragie cérébrale. Dehors, les incendies font rage, et, tandis que le monde se meurt, la fratrie décide de maintenir la vieille femme en vie - contre sa volonté et l'avis des docteurs. Alors que commence pour Francie un long calvaire médical, sa fille Anna est touchée par un étrange phénomène : des parties de son corps s'effacent. Un doigt tout d'abord, puis quelques mois plus tard un genou... Étonnamment, Anna ne ressent ni douleur ni gêne, et personne ne semble remarquer le mal qui l'affecte. Se pourrait-il que sa propre «extinction» passe inaperçue, voire qu'elle suscite l'indifférence ?
Sommes-nous encore capables d'aimer, de renouer avec les êtres et les choses qui nous entourent et de vivre avec la beauté ? Face à la disparition accélérée du vivant, Richard Flanagan livre une réponse singulière et poignante dans cette fable écologique où stupeur et espoir s'entremêlent. Une ode à la splendeur éphémère du monde.
La guerre d'Indochine est l'une des plus longues guerres modernes. Pourtant, dans nos manuels scolaires, elle existe à peine. Avec un sens redoutable de la narration, "Une sortie honorable" raconte comment, par un prodigieux renversement de l histoire, deux des premières puissances du monde ont perdu contre un tout petit peuple, les Vietnamiens, et nous plonge au coeur de l'enchevêtrement d'intérêts qui conduira à la débâcle.
Dans l'Écosse superstitieuse du XVIIIe siècle, Sarah, une jeune fille de quatorze ans traquée pour sorcellerie, est secourue par le pasteur du village. Ils prennent la fuite à travers la forêt mais sont rapidement pris en chasse.
Après avoir épousé un vétéran de la Seconde Guerre mondiale père de deux enfants, Ruth part s'installer sur la côte écossaise, au bord de la mer du Nord. Dans sa grande demeure, face à l'îlot de Bass Rock et à ses colonies de fous de Bassan, le bonheur semble à portée de main, et pourtant... Les voyages d'affaires de son mari se font de plus en plus fréquents, et l'étrange présence qu'elle perçoit dans la maison ne fait qu'accentuer son malaise.
Six décennies plus tard, Viviane, une quadra londonienne un peu paumée, retourne dans la maison de vacances de son enfance. Tandis qu'elle y dresse l'inventaire des biens de son aïeule Ruth, des fragments du passé refont surface, éclairant d'un jour nouveau la légende familiale.
Sarah, Ruth, Viviane, un même destin, à travers les années : une vie circonscrite par les désirs des hommes.
Evie Wyld signe ici une saga ensorcelante, peuplée d'esprits et de fantômes, sur la masculinité toxique et la solidarité des femmes..
En quittant son époux Byron, célèbre PDG d'un empire technologique, après dix ans de mariage, Hazel s'attendait - légitimement - au pire. Qu'il la traque, qu'il la force à regagner le foyer conjugal, voire qu'il la tue. Elle n'avait cependant pas envisagé qu'il ait pu implanter un dispositif de surveillance dans son cerveau, ni que son père, chez qui elle trouve refuge, ait choisi de partager ses vieux jours avec une poupée sexuelle. Décidément, la vie est pleine de (mauvaises) surprises.
Alissa Nutting signe une comédie noire délicieusement grinçante et follement divertissante sur l'amour, la famille et un monde obsédé par la technologie et la prospérité.
La fête bat son plein à la Villa rose pour la célébration de fin d'études de Raffaele, héritier de la riche famille des Delezio. Tout le village est réuni pour l'occasion : le baron Delezio bien sûr ; sa femme, la jeune et divine Tessa, vers laquelle tous les regards sont tournés ; César, ancien carabinier devenu bijoutier, qui est comme un père pour le jeune Libero ; et bien d'autres. Pourtant les festivités sont interrompues par un drame. Au petit matin, les événements s'enchaînent. Ils conduisent Libero sur les hauteurs de l'Argentu au péril de sa vie.
Situé au coeur d'un Sud imaginaire, aux lourds secrets transmis de génération en génération, "Les Silences d'Ogliano" est un roman d'aventures autour de l'accession à l'âge adulte et des bouleversements que ce passage induit. Un roman sur l'injustice d'être né dans un clan plutôt qu'un autre - de faire partie d'une classe, d'une lignée plutôt qu'une autre - et sur la volonté de changer le monde. L'ensemble forme une fresque humaine, une mosaïque de personnages qui se sont tus trop longtemps sous l'omerta de leur famille et de leurs origines. Placée sous le haut patronage de l'"Antigone" de Sophocle, voici donc l'histoire d'Ogliano et de toutes celles et ceux qui en composent les murs, les hauts plateaux, les cimetières, les grottes, la grandeur.
Psychanalyste, Simon a fait profession d'écouter les autres, au risque de faire taire sa propre histoire. À la faveur d'une brèche dans le quotidien - un bol cassé - vient le temps du rendez-vous avec lui-même. Cette fois encore le nouveau roman de Jeanne Benameur accompagne un envol, observe le patient travail d'un être qui chemine vers sa liberté. Pour Simon, le voyage intérieur passe par un vrai départ, et - d'un rivage à l'autre - par le lointain Japon : ses rituels, son art de réparer (l'ancestrale technique du kintsugi), ses floraisons...
Quête initiatique qui contient aussi tout un roman d'apprentissage bâti sur le feu et la violence (l'amitié, la jeunesse, l'océan), c'est un livre de silence(s) et de rencontre(s), le livre d'une grande sagesse, douce, têtue, et bientôt, sereine.
Un chirurgien très respecté abandonne son épouse dans un aéroport. Il disparaît lors d'une escale alors qu'ils partent ensemble pour Sydney. Cette femme anéantie est sculpteur, sa pratique la sauvera.
Ce livre explore ce qui, dans la vie d'un homme capable d'un grand amour, peut générer une telle lâcheté. Un magnifique roman sur les hommes, sur ce que leur mère et leur milieu leur lèguent ou leur imposent - ces empreintes, ces failles originelles dépassant de très loin l'exaltation du désir qui accompagne nos vies.
Une histoire d'amour magnifique, celle d'un jeune homme pour une femme d'âge mûr qui éclaire et modifie son regard sur le sens de la vie. Un livre où la littérature, premier amour de ce garçon, devient vitale. Car dans une ville où règne l'effroi, seul l'imaginaire sauve de l'enfermement...
Un éleveur qui n'a pas rempli toutes ses obligations administratives se retrouve pourchassé par les gendarmes comme un criminel. Quel enchaînement terrible a fini par l'entraîner dans cette cavale ? Inspiré d'un fait divers récent, ce roman psychologique, politique et lyrique alerte sur l'effondrement du monde paysan : il dénonce les logiques productivistes qui dégradent notre rapport au vivant et pointe la fragilité des agriculteurs face au chaos de nos sociétés contemporaines.
Une nuit en garde à vue, quelques heures après des coups de feu entendus entre les tours d'un grand ensemble. Sont enfermés là une jeune femme qui bossait dans un entrepôt, des émeutiers ramassés dans une manif, un cadre en dégrisement, un jeune homme embarqué pour délit de faciès... Urgent comme un cri d'alarme, leur portrait choral compose la radiographie d'une société française fracturée par le mépris, l'égoïsme et les préjugés, dont la jeune génération est abandonnée à la détresse ou à la colère. Par l'auteur du premier roman remarqué «77».
Au seuil de la mort, Leonard Fife, célèbre documentariste, accepte une interview filmée que veut réaliser l'un de ses disciples, Malcolm. Fife a exigé le noir complet sur le plateau ainsi que la présence constante de sa femme, Emma, pour écouter ce qu'il a à dire, loin des attentes de Malcolm. Après une vie de mensonges, Fife entend lever le voile sur ses secrets mais, sous l'effet de l'aggravation rapide de son état, sa confession ne ressemble pas à ce que lui-même avait prévu. Puissant, écorché, bouleversant, ce roman testamentaire sur les formes mouvantes de la mémoire pose la question de ce qui subsiste - de soi, des autres - lorsqu'on a passé sa vie à se dérober.