Dans « Tout est présent » Jean-Jacques Salgon s'est efforcé de fixer l'éclosion d'une pensée, ce temps très bref ou une pensée traverse l'esprit à la vitesse d'un éclair, sans qu'il soit question d'une quelconque origine, réflexion ou construction mentale. Il s'agit de capter quelque chose qui a tendance à surgir de soi-même puis à s'évanouir, un peu comme la fusée d'un feu d'artifice qui viendrait illuminer l'instant avant de s'éteindre. C'est spontané et éphémère. Mais l'auteur s'autorise également quelques transgressions plus narratives, avec pour maître, entre autres, le Georges Perros des Papiers Collés. Ce livre, qui n'est pas véritablement un recueil d'aphorismes ou de « pensées », mérite pourtant le nom de « recueil », dans le sens originel du verbe « recueillir », c'est-à-dire de collectionner et d'accueillir.
On reconnaît le chevet de l'honnête homme à la présence discrète du dernier Autofictif. Pour peu qu'il les garde tous, l'équilibre est risqué et laisse entrevoir une possible chute. Car nous en sommes désormais à quatorze volumes, de quoi entrer dans les annales de la littérature française. L'avantage, c'est qu'on peut le prendre en cours de route, et sans permis. Bref, enfin démasqué, L'Autofictif nu sous son masque s'annonce comme le plus torride de la série, celui qui en dévoile plus que tous les autres, celui qu'il ne faut pas manquer sous peine de passer à côté d'un univers littéraire en expansion mais unique en son genre.
René Fallet était un écrivain populaire et populiste. Son oeuvre fait partie de notre patrimoine : Banlieue sud-est, Les pas perdus, Le triporteur, Paris au mois d'août, le Beaujolais nouveau est arrivé, La soupe aux choux. Nombre de ses livres ont été adaptés au cinéma et avec succès. Né à Villeneuve-St-Georges en 1927, il fut marqué par la mort précoce de son père, cheminot communiste, renversé par un camion, devant ses yeux. De la terre paternelle, l'Allier, il fera une de ses géographies littéraires avec Paris.
Ce journal inédit couvre les années 1962-1983. C'est un journal sentimental et littéraire où Fallet y exprime son amour de la littérature (Rimbaud, Maupassant, Jules Renard, Hemingway), du vélo, du Paris d'avant la vitrification et la destruction des Halles. On y voit un piéton de Paris aimant à la fois l'oisiveté mais travaillant d'arrache-pied pour devenir un écrivain et vivre de sa plume, un homme aimant les femmes mais aussi l'amitié, les bars à la Doisneau, les parties de rigolades et de pêche.
C'est le journal d'un anarchiste détestant l'ordre, la politique, de Gaulle, Pompidou, Giscard, choisissant toujours le camp de l'humour et des francs-Tireurs. C'est le journal de l'amitié, celle qui le lie à Georges Brassens, l'ami de trente ans, qui apparaît ici sous un jour inédit.
Recueil de notes mêlant souvenirs de voyages et de balades, réflexions sur la nature et le temps qui passe, considérations sur le monde et appréciations critiques de livres, de films et d'oeuvres d'art.
Ce journal, Leopardi ne le quittait jamais, y consignant toutes ses réflexions. La diversité des sujets abordés est saisissante, que ce soit en matière de littérature, de politique, d'histoire, de religion ou encore de philologie. Mais Leopardi nous entretient aussi des effets du tabac, des moeurs des Patagons, des vertus de l'odorat ou encore de Copernic. De Platon à Rousseau, en passant par Dante, la liste des auteurs que cet esprit fertile et tourmenté analyse est vertigineuse. Cet immense réservoir d'idées fondamentales, auquel Nietzsche a rendu hommage, nous happe dans les méandres d'une pensée aussi labyrinthique que prodigieuse par sa force d'intuition et la modernité de son projet et de son enjeu. Il donne l'occasion inouïe de pénétrer dans le laboratoire de l'oeuvre qui advient.
Volontairement, paresseusement, éperdument, Georges Perros note. Bribes et morceaux; fulgurations, colères, angoisse, apaisement, selon l'humeur, la lecture, le lieu, bref, comme tout le monde vit:par moments, par éclairs, par éclats.
« La vérité est un domestique maladroit qui casse les assiettes en faisant la vaisselle. »
Que me demande-t-on, au juste ? Si je pense avant de classer ? Si je classe avant de penser ? Comment je classe ce que je pense ? Comment je pense quand je veux classer ? [...] Tellement tentant de vouloir distribuer le monde entier selon un code unique; une loi universelle régirait l'ensemble des phénomènes: deux hémisphères, cinq continents, masculin et féminin, animal et végétal, singulier pluriel, droite gauche, quatre saisons, cinq sens, six voyelles, sept jours, douze mois, vingt-six lettres.
Malheureusement ça ne marche pas, ça n'a même jamais commencé à marcher, ça ne marchera jamais.
N'empêche que l'on continuera encore longtemps à catégoriser tel ou tel animal selon qu'il a un nombre impair de doigts ou des cornes creuses.
Sourates est le résultat de l'écoute du monde environnant, menée sans aucun préalable, a priori, interdit ni censure. L'auteur propose ici une version très enrichie de son texte, à l'occasion de l'hommage qui lui sera rendu tout au long du mois de février 2005 dans le cadre de la Très Grande Bibliothèque.
À côté des rares volumes de nouvelles qu´il publie, Franz Kafka songe, à partir de 1917, faire paraître un recueil d´aphorismes. On trouvera ici les deux grandes séries collationnées par lui de ses ""pensées"" éparses, délimitées par Brod et Schoeps, et conformes à l´édition allemande. Comme en marge de la visée littéraire de Kafka, mais l´éclairant singulièrement, l´enjeu et la nature de ces aphorismes ne laisseront pas de surprendre. Et on pourrait dire, avec Claude David qui attira l´attention sur leur extrême importance, que c´est en effet, pour une réelle connaissance de Kafka, là sans doute «le fond permanent de sa pensée qui apparaît».
L'art d'allier les contraires : le merveilleux chez Yànnis Palavos se donne des allures presque naturelles tandis que la réalité prend volontiers des couleurs étranges et inattendues. Une grand-mère décédée raconte sa vie à son petit-fils ; un tueur de porcs craque pour une bébé-truie ; des toilettes se changent en ascenseur ; des personnages se volatilisent d'un coup ; un mort se réincarne en agrafeuse...
Entre pudeur et rire, Blague dévoile sa gravité cachée, et Palavos une malicieuse maîtrise tant il aime jouer avec son lecteur qu'il désoriente à coups de péripéties improbables ou d'images insolites.
Entamés au seuil de la trentaine, les Carnets couvrent quarante années d'une sorte de vie.
Avec le cinquième, on se retrouve, on ne sait trop comment, septuagénaire, à peu près quitte des soins qui ont rempli l'intervalle, excepté celui, cher à Montaigne, d'apprendre à mourir.
" Les lignes qui composent ces carnets ont été écrites lors des cinq dernières années d'un séjour de huit ans à Salzbourg, Autriche. Ce sont là, avant toute chose, notes, perceptions, réflexions et questions, nées d'une période de sédentarité où j'ai habité mon pays, ma terre natale, où j'ai travaillé et aussi, partant, beaucoup musardé. En recopiant ces notes salzbourgeoises, ces instants et ces heures, j'ai dû supprimer les trois-quarts du texte de départ : en règle générale des citations de lecture, la plupart des rêves, de nombreuses descriptions, la majorité des points de vue (j'en ai reproduit malgré tout quelques-uns, surtout, comme on l'imagine, afin de donner au lecteur des verges pour me battre). Pour tout dire, je n'ai presque rien changé aux notes qui ont donné naissance à ce texte. Ce recueil s'est attaché exclusivement au lieu, dans toute son ampleur, ainsi qu'à ses ramifications, discrètes et moins discrètes, aux endroits où les instants sont nés pour prendre forme : à la sédentarité. Et si je devais donner une idée de ce qui constitue la singularité de ces carnets, je dirais peut-être ceci des maximes et des réflexions ? non, plutôt des reflets ; des reflets, involontaires, pour ainsi dire circonspects ; des reflets nés d'une circonspection profonde, fondamentale, et qui veulent osciller à leur tour, osciller aussi, par-delà le simple reflet, si loin que porte le souffle. "
Les lectures et relectures de Sens unique de Walter Benjamin sont chaque fois des sortes d'aventures.
Car le livre nous invite à traverser l'expérience, historique et subjective, sans rien dénier de ses difficultés, de ses défauts, de ses souffrances, mais sans rien renier non plus des traces qui s'y trouvent d'une émancipation possible. Il scrute sans complaisance et avec une impitoyable lucidité toutes les raisons de s'inquiéter de l'état du monde, mais il nous incite simultanément à ne pas passer à côté des leçons de vie et de justice qu'on peut aussi en retenir. La rue à sens unique conduit vers un terme inexorable, mais son parcours est une intarissable occasion de rencontres, d'ouvertures, de joies et d'intelligences partagées.
« Champagne, au sortir d'un long dîner qui lui enfle l'estomac, et dans les douces fumées d'un vin d'Avenay ou de Sillery, signe un ordre qu'on lui présente, qui ôterait le pain à toute une province si l'on n'y remédiait. Il est excusable : quel moyen de comprendre, dans la première heure de la digestion, qu'on puisse quelque part mourir de faim ? »
Les Miscellanées de Mr. Schott sont un ouvrage sans équivalent. À tel point unique qu'il est impossible à définir. Encyclopédieoe Dictionnaire ? Almanach ? Anthologie ? Fourre-tout ? Vade-mecum ? Tout cela, et - bien sûr - beaucoup plus. Recueil de futilités pas toujours futiles, de bagatelles souvent primordiales, Les Miscellanées de Mr. Schott ne se veulent ni exhaustives, ni définitives, ni même utiles. En revanche, elles se veulent essentielles. On peut - à la rigueur - vivre sans ce livre mais ce serait là, selon les mots mêmes de son auteur, une tentative bien étrange - et bien téméraire. Qu'on en juge.
Quel autre ouvrage peut se targuer d'offrir dans sa table des matières la longueur des lacets de chaussures, le langage des signes, la liste des sept péchés capitaux, la façon de dire "je t'aime" dans 44 langues différentes (dont le morse) ? Dans quel autre ouvrage trouvera-t-on réunis, sur la même page, le nom des coups du golf, l'histoire de la taxe sur les chapeaux, la liste des morts violentes dans l'histoire du rock, celle des insultes utilisées par Shakespeare dans ses pièces et les couleurs du drapeau de la Guadeloupe ? Où donc, si ce n'est dans Les Miscellanées de Ben Schott, pourra-t-on trouver la liste des 12 travaux d'Hercule, celle des différents modes opératoires des crimes élucidés par Mrs Marple ou des fournisseurs officiels de la reine d'Angleterre ?
On l'aura compris, les Miscellanées de Mr. Schott sont aussi réjouissantes qu'indispensables : elles offrent la quintessence de l'esprit et de l'humour anglais, mélange de rigueur et d'absurde, de précision et de fantaisie. Le plus fort, peut-être c'est qu'au bout du compte, l'ouvrage se révèle effectivement pratique : un véritable couteau suisse sous forme de livre. Last, but not least : le livre en lui-même, par sa reliure, l'attention maniaque portée par l'auteur à la typographie, à la mise en page, au papier, est objet d'une grande élégance.
délicieux à lire en picorant, au fond de son canapé, sur son vélo, en avion ou sur la lune, les euphorismes de grégoire sont une collection unique de maximes profondes ou dérisoires, mariant humour noir et paradoxes lumineux.
quel autre ouvrage est capable d'élever jusqu'aux hauteurs du rire avant de plonger dans des abîmes méditatifs ? quelle autre plume manie si bien l'impertinence et la malice que l'esprit de sérieux se surprend à se moquer lui-même ? qui d'autre saurait concentrer l'univers dans une tête d'épingle
sans pour autant raccourcir l'infini ? les euphorismes de grégoire est un recueil comme il en existe peu joyeux, désinvolte, hilarant.
et nécessaire.
" En ces heures où le paysage est une auréole de vie, j'ai élevé, mon amour, dans le silence de mon intranquillité, ce livre étrange... " qui alterne chronique du quotidien et méditation transcendante.
Le livre de l'intranquillité est le journal que Pessoa a tenu pendant presque toute sa vie, en l'attribuant à un modeste employé de bureau de Lisbonne , Bernardo Soares. Sans ambition terrestre, mais affamé de grandeur spirituelle, réunissant esprit critique et imagination déréglée, attentif aux formes et aux couleurs du monde extérieur mais aussi observateur de " l'infiniment petit de l'espace du dedans ", Bernardo Soares, assume son "intranquillité" pour mieux la dépasser et, grâce à l'art, aller à l'extrémité de lui-même, à cette frontière de notre condition ou les mystiques atteignent la plénitude " parce qu'ils sont vidés de tout le vide du monde ". Il se construit un univers personnel vertigineusement irréel, et pourtant plus vrai en un sens que le monde réel.
Le livre de l'intranquillité est considéré comme le chef-d'oeuvre de Fernando Pessoa.
Après le succès considérable de la première édition française, parue en deux volumes (1988 et 1992), puis de la seconde édition, intégrale, en un volume (1999), nous présentons aujourd'hui cette troisième édition, entièrement revue et corrigée, d'après le dernier état de l'édition portugaise (8e édition, 2009), publiée par Richard Zenith. Celui-ci a en effet introduit de nouvelles et nombreuses modifications, rectifiant ainsi les multiples erreurs de lecture qui entachaient l'édition portugaise originale (parue en 1982) ; figurent en outre dans le présent volume de nombreux inédits retrouvés par Richard Zenith depuis la première publication au Portugal. L'ordre des textes adopté ici, comme auparavant dans la 2e édition, diffère de l'ordre suivi dans la 1ère édition, pour obéir à une organisation thématique, mais plus dynamique et plus fidèle, dans la mesure du possible, à la chronologie des différents fragments. Enfin, la traduction proprement dite a fait à son tour l'objet d'une nouvelle révision approfondie par la traductrice elle-même, qui s'est efforcée de rendre, avec le maximum de transparence, la force poétique et dramatique de ce texte, l'un des chefs-d'oeuvre de la littérature du XXe siècle.
Nouvelle édition en 2004
«Autant que le permettent les lois de la création littéraire, les Petits Poèmes en prose marquent un commencement absolu. Ils soutiennent tout un système généalogique dont on dessine les branches maîtresses quand on cite le premier livre des Divagations, les Illuminations et les Moralités légendaires : le foisonnement ultérieur est infini. Il semble que Baudelaire ait eu lui-même conscience d'avoir ouvert par cette extrême expérience une route que l'on dût, après lui, nécessairement emprunter. Du moins, entendait-il qu'on lui rapportât le mérite de l'avoir frayée. Il mandait à Arsène Houssaye, dans un billet de 1861 : Je me pique qu'il y a là quelque chose de nouveau, comme sensation ou comme expression - et dans sa dédicace au même, il se défendait, tout en jouant le dépit, d'avoir simplement imité la technique d'Aloysius Bertrand. Enfin, dans sa Correspondance, il mettait l'accent sur le caractère de singularité radicale, pour ne pas dire : répulsive, des bagatelles laborieuses, dont il sentait qu'en matière de poésie elles constitueraient son dernier mot.» Georges Blin.
" ne pas se tromper aux figures hautaines et silencieuses : ce sont des timides ", écrit jules renard parlant de lui.
Comme tous les timides, il répugnait à se confier aux autres. son journal lui sert de confident, d'interlocuteur, de complice. c'est à la mémoire des feuillets qu'il remet ses pensées les plus secrètes et les lus contradictoires.
Ardent dreyfusard, il écrit : " je suis écoeuré à plein coeur, à coeur débordant, par la condamnation d'emile zola... " mais il confesse ailleurs : " nous sommes tous antijuifs.
Quelques-uns parmi nous ont le courage ou la coquetterie de ne pas le laisser voir. " il se répand en réflexions misogynes : " si jamais une femme me fait mourir, ce sera de rire " ; " dès qu'on dit à une femme qu'elle est jolie, elle se croit de l'esprit " ; " la femme est un roseau dépensant. " mais n'est-ce pas pour exorciser le chant des sirènes ? " je les aime toutes. je fais des folies pour elles.
Je me ruine en rêves. " anticlérical, antireligieux convaincu =, auteur de la bigote, au journal il confie cependant : " j'ai l'esprit anticlérical et un coeur de moine. " il avait une conscience amère, injuste et orgueilleuse, de ses limites, mais aussi de ses qualités, celles des grands écrivains - l'humour, l'ironie, la poésie : " les ironistes, ces poètes scrupuleux, inquiets jusqu'à se déguiser.
" portrait d'une époque et d'un milieu, peinture des naturels du morvan, et par-dessus tout portrait d'une âme poétique jusqu'à la souffrance, le journal de jules renard est un chef-d'oeuvre de la langue française et le témoignage d'un grand moraliste : " je me fais une haute idée morale et littéraire de l'humour. "
Erigeant la maxime au rang d'art, Chamfort (1741-1791) cultive le détachement aristocratique ; mais, dans le contexte révolutionnaire, il le fait jouer au service du peuple. Prenant le parti des plus humbles, il porte les coups contre les prétendus grands seigneurs et autres monarques. Ses sarcasmes n'épargnent pas non plus l'amour, le plus despotique des sentiments. Chamfort : un enfant naturel, admirablement doué, beau comme l'Amour, qui ne fait la conquête de la haute société que pour lui dire son mépris et offrir la plus cruelle peinture des dernières années de l'Ancien Régime. La Révolution survenue, Chamfort s'y jette à corps perdu. Mais ce dernier des justes ne supporte pas ce que Robespierre et Marat imposent de violence et de sang à l'action politique, et il tente de se tuer «dans des circonstances si horribles, écrit Albert Camus, qu'elles donnent sa dimension exacte à cette tragédie de la morale».
Collection « Classiques de la philosophie » dirigée par Jean-François Balaudé Nietzsche Par-delà le bien et le mal Le problème de la valeur du vrai s'est présenté à nous, - ou bien est-ce nous qui nous sommes présentés à ce problème ? Qui de nous ici est Oedipe ? Qui la Sphinx ? C'est, comme il semble, un véritable rendez-vous de problèmes et de questions. - Et, le croirait-on ? Il me semble, en fin de compte, que le problème n'a jamais été posé jusqu'ici, que nous avons été les premiers à l'apercevoir, à l'envisager, à prendre le risque de le traiter. Car il y a des risques à courir, et peut-être n'en est-il pas de plus grands.
Friedrich Nietzsche.
C'est d'abord à une radicale remise en question de la vérité que procède Nietzsche dans Par-delà le bien et le mal (1886). Ce texte d'une écriture étincelante, férocement critique, met en effet au jour, comme un problème majeur jusque-là occulté, inaperçu, celui de la valeur. Il y destitue les positions philosophiques passées et présentes (autant de croyances), et stigmatise, en les analysant un à un, l'ensemble des préjugés moraux qui sous-tendent notre civilisation. L'entreprise, pourtant, n'est pas uniquement négative : elle débouche sur l'annonce, dans le prolongement d'Ainsi parlait Zarathoustra, de « nouveaux philosophes » - « philosophes d'un dangereux peut-être » qui devront désormais assumer l'inflexible hypothèse de la vie comme « volonté de puissance ».
Traduction de Henri Albert, revue par Marc Sautet.
Présentation et notes de Marc Sautet.
Index établi par Véronique Brière - Nouvelle édition.