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thomas morfin
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Avec le rap les coups, Thomas Morfin a composé un éloge véhément du rap américain. Bousculant la chronologie et les hiérarchies, conviant aussi bien les pionniers que les contemporains, les obscurs autant que les stars, il s'efforce de décrire les formes mutantes de cette musique et de rendre justice à sa capacité d'invention. Dans le même mouvement, le rap les coups est le récit d'une passion, et d'une passion qui dure : les Mémoires - ou la mémoire - de quelqu'un qui a pratiquement l'âge du rap et a grandi avec lui. Il assume la subjectivité et le parti pris de l'hommage, mais c'est pour aboutir au coeur d'une passion collective et générationnelle. Le moi initial débouche sur un très vaste nous uni par un même rythme, emporté par les mêmes «coups».
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Comment dire une enfance sans tomber dans les clichés ? Pour l'auteur, loin de tout narcissisme, de toute mièvrerie et des explications trop faciles par le " sentiment de révolte ", l'enfance est à la fois notre " unique bien et ce qu'il y a au monde de plus impersonnel ". Par petites touches qui sont autant de brefs chapitres d'une vivacité singulière, il évoque ce que l'enfant ressent de l'amour entre ses parents, de la relation avec son père, de la disparition accidentelle de celui-ci, de l'éveil des sens, de la religion, de la mort, de ses frères et soeurs, des jeunes amies, de la langue étrangère qu'il découvre aux États-Unis, du premier amour au lycée.
Cette démarche très originale, plus poétique que narrative, finit par dessiner un univers mental dont on se sent proche, par empathie autant que par goût, et qui vérifie magnifiquement la définition initiale, pour ne pas dire initiatique, que donne l'auteur de l'enfance.