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Alma Editeur
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Dix ans que les deux hommes s'étaient perdus de vue et puis, d'un coup, ils se retrouvaient au détour d'une rue, face à face. Le hasard, paraît-il, fait bien les choses. S'il s'agissait de lui, il aurait mieux fait ce jour-là de se mêler de ce qui le regardait, mais il n'y était pour rien. Skender le comprendrait bientôt, ce n'est pas le hasard qui avait mis Max et Madame sur son chemin.
Il le comprendrait bientôt. -
Naître dans un quartier populaire au sein d'une famille dysfonctionnelle tout en étant malvoyant, on pourrait se dire que ce n'est pas gagné... À moins que les problèmes ne s'additionnent pas et que la déficience visuelle ne soit finalement une chance : une soustraction des emmerdements...
Ce n'est pas la moindre des découvertes que l'on fera en lisant ce roman, qui débute dans une cité bisontine, en passant par un institut pour enfants caractériels, et un établissement pour malvoyants et non-voyants. L'information essentielle étant toutefois que les aveugles peuvent faire du vélo tout seuls dans la cour de leur école sans se rentrer dedans. -
Marie et l'enfant forment un monde qui semble se suffire à lui-même. Quelques mois auparavant, la jeune femme a brusquement quitté Paul sans qu'il sache qu'elle attendait un enfant et s'est éloignée de la plupart de ses amies. Seule la présence d'Elisabeth, sa mère, est tolérée par nécessité. Mais c'est oublier que les absents parlent, quand on tente de les faire taire. Une lettre et une photographie dans un tiroir, un foulard oublié, une odeur intrigante, et c'est tout un passé qui ressurgit pour raconter en filigrane une autre histoire : celle de nos silences et de nos désertions.
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C'est une femme qu'il est venu chercher dans cette ville de bord de mer comme il y en a tant, une femme et peut-être aussi le vacillement de ses six ans, ou autre chose encore qu'il ne sait pas, peut-être le fil du temps qui s'enroule quand on le regarde du haut d'un grand escalier - ici, à Lisbonne.
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Elles s'appellent Magdalena, Libuse et Eva et partagent le même destin : de mère en fille elles grandissent sans père. Mais de cette malédiction, elles vont faire une distinction. Chacune a sa façon, selon sa personnalité, ses rêves, ses lubies, son parler et l'époque qu'elle traverse. Malgré elles, leur vie est une saga : Magdalena connaîtra l'annexion nazie, Libuse les années camarades et Eva la fin de l'hégémonie soviétique. Sans cesse des imprévus surgissent, des décisions s'imposent, des inconnus s'invitent. À chaque fois, Magdalena, Libuse et Eva défient tête haute l'opinion, s'adaptent et font corps. Au fond, nous disent-elles, rien n'est irrémédiablement tragique, même les plus sombres moments.
Ces héroïnes magnifiques, Lenka Hornakova Civade les magnifie encore par son écriture solide et douce, brodée, ourlée, chantante. Moqueuse aussi lorsque la kyrielle de personnages secondaires - paysans, apparatchiks, commères. le requiert.
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Gus attend son train sur le quai bitumeux d'une gare de province. Il vient de prendre sa retraite. Une femme a compté, dans sa jeunesse, peut-être trop pour lui, et depuis il vit seul. Trois décennies ont passé sans qu'il voie son frère qui lentement se meurt, à l'autre bout du pays, dans une maison de soins. Le rejoignant, il ignore que le regard qu'il porte sur leur histoire commune ne sera bientôt plus le même, et surtout à quel point le souvenir d'un enfant rencontré au foyer où il a travaillé ne va plus le quitter, se confondant peu à peu avec les fantômes qui hantent sa propre enfance.
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J'ai quitté cette nuit d'août comme on sort d'un rêve, incapable de discerner le fantasme du réel. Dans ma voiture longeant la mer je ne savais plus la direction que j'empruntais. Les rencontres avec la mort m'étaient pourtant habituelles, mais cette nuit-là, mon trouble était tel que je n'étais plus vraiment légiste. Vers qui roulais-je ? Une femme, une aïeule, la mort elle-même ? Et Alma, où Alma avait-elle disparu ?
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En 1936, le jour de ses douze ans, William, qui habite près de la Manche, quitte l'Angleterre, direction l'Espagne. Pour les beaux yeux de sa dulcinée, il traverse le pays en guerre afin de percevoir le gros lot, El Gordo. Le billet de loterie, quinze millions tout de même, semble être un « attracteur de chance ». C'est du moins ce que pensent l'ésotériste Julius Evola et le poète Federico García Lorca, deux magiciens à leur manière, qui s'affrontent dans les camps opposés.
Sur sa route parsemée de dangers, William croise Passe-montagne, son éloquent écuyer muet, Talia la tueuse sadique, Doña Pilar et son mannequin à roulettes, un sniper aveugle, les gardiennes du pont... Bref, une galerie de personnages issus de l'ordre noir et du chaos rouge.
Disons qu'il sera question d'horreurs commises par tout le monde, mais aussi de beaux sentiments qui attendriront le coeur. -
L'été de ses sept ans, à l'heure de la sieste, en plein soleil, Aline fait une expérience extraordinaire dont elle ne parle à personne, pas même à ses parents. Toujours aussi intense, l'expérience se reproduit quatre fois encore, pendant son adolescence puis à l'âge adulte. Pour éviter que son secret soit découvert, Aline mène une vie de plus en plus solitaire mais nourrie de tous les liens sensibles qu'elle tisse avec le vivant qui l'entoure. Jusqu'au jour où elle rencontre Cloda.
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Des bazars du boulevard Magenta à la bibliothèque de Beaubourg, le dessinateur argentin cherche sa porte d'entrée dans Paris, peut-être cachée quelque part entre un magasin de robes de mariées, un cinéma porno et un théâtre transformé en magasin de chaussures. Il atterrit finalement dans les chantiers. Rien d'exceptionnel à ça, raille la Tchèque (qu'on appelle la Polonaise) : tout le monde a fait les chantiers, même le Chilien (qu'on appelle le Cowboy). Mais un dessinateur ne se transforme pas en maçon ni en bête à gravats du jour au lendemain.
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Amsterdam, 1656. Alors que Rembrandt voit ses créanciers à sa porte, il croise dans la foule le regard bleu d'un inconnu qui immédiatement capte son attention. Cet homme, Comenius, est un philosophe et pédagogue tchèque qui a été contraint par la guerre de quitter son pays. Cette première rencontre signe le début d'une amitié insolite et de plusieurs face-à-face passionnés, intimes et inattendus. Sur fond de siècle flamboyant, nous sommes conviés à les écouter tantôt débattant des questions de leur temps, tantôt confiant leurs doutes d'homme et de père. Mais dans l'atelier, ce regard bleu qu'il faudrait parvenir à rendre sur la toile demeure insaisissable. Au fil des séances, le portrait que Rembrandt peint auquel Comenius sert de modèle devient alors l'enjeu de ces riches heures entre deux génies. Le peintre signera-t-il ce tableau ? Lui donnera-t-il un titre ? Rembrandt et Comenius se livrent ici un combat singulier dont l'issue est à la fois inévitable et surprenante.
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Certains êtres humains se caractérisent par une tendance persistante au soulèvement. Lors d'un week-end festif en montagne, Nicolas décide de tout abandonner. La fête, ses amis et sa vie d'avant. Au détour d'une escapade en forêt, il fait la rencontre d'Hélène, chez qui tout lui paraît bordé d'or. Une foule de sentiments insoupçonnés l'envahit et le bouleverse avec la force aveugle d'une tempête. Le passé, la douleur et la mélancolie semblent enfin vouloir se retirer sur la pointe des pieds. Autour de lui comme en lui, tout change. Tout est changé. S'enfonçant dans les bois, il s'enfonce aussi en lui-même. Pour le meilleur et pour le pire. Sa métamorphose paraîtrait presque sans limites, si ce qu'il pensait être le virage le plus important de son existence, ne se révélait une tragédie. L'histoire d'amour majuscule portait en elle le germe d'un drame, dont les racines puisent aussi profond que celles des arbres centenaires du massif. Des racines de sang.
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Florence a tout fait pour mettre en place des soins palliatifs à son domicile afin que Judith, sa fille d'une vingtaine d'années atteinte d'un cancer, puisse revenir dans l'appartement où elle a grandi.
Comme l'est souvent une mère envers son enfant, Florence est persuadée qu'elle sait ce qui est le mieux pour elle. Après l'avoir accompagnée pendant toute la durée des protocoles de traitement, elle veille à présent à ce qu'elle ne manque de rien. Alors, entre les passages quotidiens de Théo, l'infirmier de l'équipe soignante, elle prend en charge ce qu'il reste à faire et range, cuisine, lave, s'active autour de Judith.
Mais très vite elle se sent dépassée, ces certitudes chancellent. Sait-elle vraiment ce dont sa fille a besoin ? Entend-elle réellement le désir de celle qui, peut-être, voudrait qu'on ne la retienne plus ? -
1938. À Marseille, Vladimír, tout juste nommé consul de la nouvelle Tchécoslovaquie, s'installe dans ses murs, ébloui par la vitalité du grand port. Pendant ce temps à Strasbourg, Bojena - jeune Praguoise en route pour l'Amérique - vole le bébé d'une autre émigrante, une Juive morte en couche. Ou le sauve ? En tout cas, elle poursuit son chemin avec l'enfant et sa poupée de chiffon. Mais à Munich, ce même an 1938, le sort de la Tchécoslovaquie est scellé. Celui de l'Europe aussi. Ce sera la guerre. Et plus que jamais la quête d'un Nouveau Monde.
La tourmente européenne réunit tous ces destins en Provence. Séparations, retrouvailles, résistance, clandestinité... Jusqu'au retour à Prague et aux espérances trahies.
La poupée a tout vu de ses yeux de nacre émerveillés. Elle a tout entendu. Dans ce tumulte terrible et merveilleux elle fait entendre sa petite voix où l'on retrouve l'humour, la poésie, la tendresse et la gravité de Lenka Hornakova-Civade.
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Isis est une jeune femme vegan ultra connectée, animaliste, portant autant (sinon plus) d'affection à Dinah, sa chatte, qu'à ses semblables. Voici qu'apparaît dans son jardin une grue antigone, bel oiseau étranger à l'Europe. Isis poste son étonnement sur les réseaux.
Très vite se multiplient d'autres apparitions inédites d'animaux, allant de pair avec d'inexplicables disparitions d'êtres humains. Le monde se peuple d'un improbable bestiaire où les uns dévorent ceux qui sont devenus leur proie, les autres fuyant comme ils peuvent un lieu à présent hostile. Les autorités n'osent prononcer le mot de pandémie, mais les scientifiques identifient un mal nouveau: la tératomorphose foudroyante. Une pulsion affective ou sexuelle prononcée en serait un des premiers symptômes, touchant davantage les adultes de sexe masculin, bien que les femmes et les enfants ne soient pas totalement épargnés.
Isis voit ainsi chacun des membres de sa famille tout comme ses proches se métamorphoser : sa grand-mère devenue araignée écrasée par son oncle, son père hippocampe qu'elle remet à la mer, son beau-frère changé en serpent enfermé dans la chambre de sa soeur... Avec Shravanthi, danseuse indienne de Pondichéry qui l'a rejointe et dont elle est éprise, elle s'efforce de se sauver et surtout de sauver ses deux petites nièces, quittant un monde apocalyptique pour rejoindre un des gynécées nouvellement créé qui protègerait les dernières femmes épargnées par la pandémie. Y arriveront-elles avant que la pulsion amoureuse fasse son oeuvre ?
Malgré la construction d'un univers fictif saisissant, le roman ne verse jamais dans le fantastique. Rythme effréné, style vif et réaliste entraînent naturellement le lecteur sans qu'il se soucie d'espérer improbable cette fin du monde. Toute l'habileté de l'auteur est d'avoir choisi un personnage principal (Isis) qui porte un regard, non pas résigné mais plein de lucidité sur la situation.
Tirant les ficelles jusqu'au-boutistes des travers de notre société, Camille Brunel approfondit les thèmes déjà présents dans La guérilla des animaux (Alma, 2018) : l'animalisme, l'anthropocène, l'hyperconnection aux réseaux sociaux mais aussi le rapport à la mort et à la vie.
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Ecatepec, banlieue géante au nord de Mexico City. María y a grandi entre les pyramides de Teotihuacán, le chaos des câbles électriques et les arbres peuplés d'oiseaux. À l'ombre des hommes aussi, violents et imprévisibles - Ecatepec bat des records de féminicides.
Malgré tout, María s'engage. Mais pour les animaux, ce qui n'est pas moins dangereux. Se pose alors, cruellement, la question des priorités. N'y a-t-il pas plus grave ? Quoi qu'il en soit de ses choix, sa mère la supplie de ne pas mettre sa vie en jeu. Alors María promet. Et puis, l'année de ses 27 ans, elle retrouve le goût du risque. -
La haine d'Isaac est froide, totale et ses idées argumentées. En un mot, l'extinction de l'espèce animale en cours relève du génocide. Un profil idéal aux yeux d'une association internationale qui décide d'en faire son homme de main. Isaac, bientôt accompagné de Yumiko - son alter ego féminin, court faire justice aux quatre coins du globe, du barrage des Trois-Gorges en Chine (qui explosera) à la banquise groenlandaise (où la jeune femme décidera de se sacrifier).
Multipliant les attentats et les exécutions sous toutes les formes possibles, Isaac se transforme en icône mondiale sponsorisée par Hollywood. Mais le combat qu'il mène va être perverti. Ce qui est pire encore que de le perdre...
Baroque, brillant, documenté, La guérilla des animaux est aussi une oeuvre littéraire solidement construite sur les vestiges des Racines du ciel, notamment.
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Septembre 1911, Franz Kafka et Max Brod débarquent à Paris. Les deux jeunes écrivains, encore débutants, laissent derrière eux leurs fastidieux emplois de bureau, sans compter, pour Franz, une famille étouffante. Voilà ce que l'on sait de source sûre. Autrement dit : rien concernant ce qui leur advint dans la capitale. Heureusement, Xavier Mauméjean, la plume alerte, poursuit leur voyage. Voici nos deux Praguois découvrant la gouaille des prostituées, les cabocheurs des Halles, les labyrinthes du Bon Marché, les coulisses du métro, les cabarets louches, le ratodrome de Neuilly. Ils croisent même un certain Apollinaire suspecté d'avoir volé la Joconde.
Franz et Max prennent la vie à bras le corps, souvent pour rire, parfois en mourant de peur ou roués de coups. Mais l'époque est belle.
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Un architecte célèbre vient de mourir. Il laisse derrière lui de nombreuses réalisations, des projets encore inachevés, certains n'ayant jamais vu le jour, mais aussi une famille, des amis, des proches, eux-mêmes ayant eu une vie remplie de projets et d'autres rencontres.
Tirant le fil des liens qui ont pu exister entre ces hommes et ces femmes, le roman déroule les récits de différents personnages qui se racontent et dont l'itinéraire recoupe plus moins fortement la trajectoire de l'architecte : l'amante que personne ne se souciera de prévenir et dont personne ne soulagera la peine ; l'astrophysicien porté par son histoire d'amour avec une grande éditrice parisienne ; la femme de l'architecte, la seule ayant su pour l'amante ; le peintre, ami de l'astrophysicien, qui apprenant sa mort accidentelle se souvient du trio amoureux qu'ils ont formé avec une jeune avocate; le jeune architecte en charge à l'étranger d'un chantier dont l'initiateur ne sera plus là pour le voir réalisé....
Habilement construit, le roman démultiplie la narration sans aucun artifice, chaque récit faisant subtilement écho à un autre. Tantôt ce sont des lieux dans lesquels nous revenons telles ces allées du jardin du Luxembourg, tantôt des personnages qui réapparaissent, tantôt des thèmes comme celui des années qui passent et la façon dont les souvenirs se présentent à nous. Autant de morceaux de vie qui reconfigurent le réel autour d'un point de vue, mais aussi par le prisme du souvenir, comme dans l'oeil du kaléidoscope. Autant de doubles du personnage de l'architecte décédé, mais aussi de l'écrivain...
Le dernier roman de Paul Andreu résonne comme un texte étrangement prémonitoire (il est mort quelques mois après l'avoir achevé). La justesse de son regard, la douce mélancolie qui s'en dégage, tout comme le sourire bienveillant et distancié de l'écrivain que l'on devine par endroits, en font un texte lumineux.
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"Hollywood vit les heures troubles du maccarthysme. Les enquêtes s'entrecroisent autour d'un mystérieux auteur de contes et légendes urbaines dont le succès populaire est immense. Xavier Mauméjean tire de ce patchwork policier une évocation généreuse et vertigineuse des États-Unis à la conquête de l'imaginaire mondial.
Jack L. Warner, le puissant patron de la Warner Bros veut damer le pion à son rival Disney. Il décide d'adapter pour le grand écran Ma Mère l'Oie, un recueil de contes, contines, anecdotes et légendes urbaines dont les Américains raffolent, plus populaire que Moby Dick ou Le magicien d'Oz. Mais nous sommes en 1953, à l'heure de la guerre de Corée et de la « chasse aux sorcières », menée par le sénateur McCarthy. Warner ordonne qu'on enquête sur l'auteur de Ma Mère l'Oie, un certain Daryl Leyland. La mission est confiée à l'un des obscurs scénaristes qui attendent leur heure dans les coulisses d'Hollywood : Jack Sawyer. À lui de « nettoyer » la biographie de Leyland, rectifiant tout ce qui heurterait le conformisme moral et politique.
Ainsi s'ouvre le dossier Leyland. Par recoupements, l'enquête croise témoignages, fiches, rapports, chansons, poèmes, saynètes... American Gothic voyage à travers les États-Unis et son histoire à la recherche de ce gamin de Chicago et du dessinateur Van Doren, tous deux, initiateurs d'un imaginaire brut.
Xavier Mauméjean fait revivre la prodigieuse inventivité d'une jeune nation se forgeant sa propre mythologie. Mais ce monde merveilleux de l'enfance toute-puissante et de la naïveté géante révèle aussi la part sombre du rêve américain. « Si tu ris, tu es un homme » enseigne Ma Mère l'Oie. Si tu souffres, reste optimiste. Mais le Nouveau Monde n'a-t'il pas perdu son innocence ?"
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Le père est un texte écrit à la première personne. Un long monologue, celui d'un homme qui se retourne sur son passé suite aux questions de ses enfants. Tout jeune, il voulait une ferme, l'acheter, l'exploiter. C'est ce qu'il connaissait, ce qu'il souhaitait. À l'époque il pensait que les choses étaient simples, que la vie était simple. Alors il a suivi des études de technicien agricole, il a acheté une ferme, l'a exploité. Il était heureux, sa femme et les enfants aussi. Puis, en 1977, à 30 ans, c'est la faillite. La fin des paysans, la politique agricole commune.
En contrepoint du récit du père qui se souvient, se demande ce qu'il pense et cherche à comprendre comment cela a pu se passer, les enfants, d'une seule voix, racontent les souvenirs heureux de leur enfance. Comme un refrain, une comptine, la mémoire des beaux jours dont le père dans son désarroi ne se souvient plus.
Écrit dans une langue élégante et qui chante, le roman de Stéphanie Chaillou raconte la perplexité et l'énergie d'un être devant les bouleversements du monde.
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Elles ont le même genre d'âge, quelque part au milieu de cette longue période floue entre jeunesse et vieillesse. Elles font toutes trois partie des gens qu'on ne regarde pas. Les voici toutes trois au moment où la vie déraille. L'eau est leur miroir, leur alliée : lac, rivière ou océan. L'intensité de leur monde intérieur est la plus grande force dont elles disposent pour résister, jour après jour, contre la violence de nos sociétés. Trois silences sauvages que la beauté brute sauvera.
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Ça devrait être facile, elle ne l'a jamais aimée cette maison plantée au bord d'une voie ferrée.
C'est la dernière chose à faire, les parents sont morts. L'un après l'autre. Se sont suivis de peu, mais dans le désordre. C'est parti de là. Ou de la télé qui hurlait dans le salon.
Elle n'y est jamais retournée depuis l'accident du père. L'accident qu'on avait classé sans suite, elle ne savait pas qu'on classait les accidents. Elle ne savait pas non plus qu'à dix ans, on ne redessine pas le monde avec du café sur une toile cirée.
Ça devrait être facile, elle a une vie maintenant.
Revenir, vendre, accueillir tout ce qui pourra la faire tenir debout.
Et garder près d'elle le grand chien gris.
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