Filtrer
- Jeunesse
- Bandes dessinées / Comics / Mangas
- Policier & Thriller
- Romance
- Fantasy & Science-fiction
- Vie pratique & Loisirs
- Tourisme & Voyages
- Arts et spectacles
- Religion & Esotérisme
- Entreprise, économie & droit
- Sciences humaines & sociales
- Sciences & Techniques
- Scolaire
- Parascolaire
- Dictionnaires / Encyclopédies / Documentation
Éditeurs
Prix
Al Dante
-
Un long poème narratif ponctué de 12x2 dessins, montage d'énoncés et de notations dans lequel une poétesse (grosse et vieille) tient une sorte de journal où s'articule la destruction du corps privé à celle du corps social.
-
-
Poésie insurrectionnelle, Extrait des Nasses est un texte-fleuve qui témoigne d'une jeunesse dont la soif de vivre ne peut se contenter d'aucune des propositions émanant d'une civilisation malade en voie de fascisation, qui ne fonctionne que sur des jeux de domination. Ici, chaque fragment de texte est projectile autonome, et le tout : soufle de vie. ... Nous nous déployons. Habités par le vide que déploie la logique de votremonde. Nous n'avons pas d'avenir.
Le feu prenait bien. Des sorties. Nous n'en voulons pas. Arracher....
«Il y a dans ce livre, une conclusion politique, celle-ci:Nous faisons pousser les ronces», conclue Jean-Marie Gleize, dans la préface qui ouvre ce livre.
-
Le Patient est le récit sans fard du quotidien d'une humanité blessée, oubliée, vidée, épuisée, mise à l'écart : celle des hôpitaux psychiatriques.
Jérôme Bertin nous raconte le quotidien de cet hôpital d'un quartier populaire de Lille, les gens qui y vivent (patients, mais également psychiatres, infirmiers, personnes de l'accueils.), et les rencontres, les menus événements et autres incidents ponctuant un temps qui s'étire dans l'ennuie et la déprime.
-
Quelque chose est un texte dense, d'une densité extrême qui tient aussi bien du souffle que de la chair. De la chair, il a la compacité, la force, les rondeurs ; du souffle : les syncopes, le halètement, la fragilité.
Quelque chose, prose poétique, joue des antinomies non pas pour que le jeu des contradictions suggère un sujet en creux, mais bien plutôt pour affirmer un manque que malgré tout l'écriture n'arrivera peut-être jamais à dire : ni et, ni ou, et/ou peut-il se créer, peut-il s'écrire - peut-il se vivre ?
Quelque chose, comme une missive, comme un chant, est une adresse à l'aimé.
La personne qui écrit est traversée par l'aimé - est traversée par le sujet.
Ici, le poème est la peau retournée du sujet, l'en-soi de l'aimé.
La lecture de Quelque chose est une expérience qui a à voir avec la lecture des courts textes pornographiques de Michel Surya, comme L'impasse (Al Dante, 2010).
-
Un monologue acide sur la vie au sud de l'Algérie, par l'unique employé de la morgue d'un petit village pétrifié entre l'ennui et la pauvreté.
Moussa est le seul employé de la morgue de BalBala, petit village perdu au sud de l'Algérie. Tous les morts du bled passent ici : femmes tuées par des hommes jaloux, personnes terrassées par des cancers provoqués par la pollution de l'importante plate-forme pétrolière voisine (à la fois distilleuse de mort et seule source de travail...), migrants, contrebandiers et autres fuyards, enfants abandonnés à eux-mêmes, suicides, victimes de scorpions... C'est à une véritable étude socio-politique sauvage à laquelle se livre Moussa, en enregistrant ses réflexions à l'aide d'un dictaphone, comme le lui a demandé Aziz, son seul confident et ami, dans le but d'écrire un livre - Aziz, qui est également le trublion du village, celui qui n'a de cesse de dénoncer les injustices,de pointer du doigt les véreux de toutes espèces : religieux, politiques, patrons, etc.
Jusqu'au jour où Aziz s'immole en plein tribunal de BalBala, et se retrouve à la morgue, en compagnie de son ami Moussa...
BalBala (mot qui veut dire tumulte en arabe) est un petit village fictif imaginé près de Ouargla, ville qui connaît une forte agitation sociale en ce moment avec le soulèvement des chômeurs du Sud (guidés par le Comité national pour la défense des droits des chômeurs, CNDDC) qui réclament un peu de justice dans l'accès au marché du travail dans les champs pétroliers. Et c'est exactement ce qu'aborde ce monologue.
Le texte repose, en partie, sur des enquêtes menées personnellement par l'auteur (reporter au quotidien algérien El Watan), à plusieurs reprises, dans le Sud algérien, où des activistes comme Aziz sont régulièrement persécutés et condamnés. L'un d'eux, un jeune juriste sans travail, avait même défrayé la chronique en s'immolant dans le bureau du directeur de l'agence de l'emploi de la ville de Ouargla...
-
LE LIVRE # Hymne à l'Europe universelle (sic) est une chronique poétique, où il est question du racisme ordinaire envers les Rroms. Des petites remarques insidieuses entendues au hasard de la rue, jusqu'aux décisions de nos élus, Florence Pazzottu recense toutes les étapes participant de la fabrication d'une mythologie raciste les persécutant.
Mais les RomsManouches Tziganes / - qui ne sont pas tous d'exotiques / nomades étrangers venus d'une Inde /mythique -,mais lesManouches Roms / Tsiganes - qui n'ont pour point commun / que le regard malade qu'une Europe malade, dissociée, porte sur eux -, /mais les Tziganes RomsManouches ne sont pas / à intégrer ils sont des parties du corps / de l'Europe que soudain elle rejette / ne veut plus reconnaître les ayant transformés / au XXe siècle par statut d'exception / en errants apatrides.
EXTRAIT DE LA POSTFACE DE FLORENCE PAZZOTU > Écrire en poète, c'est étreindre le corps obscur de la langue et viser la plus grande clarté. C'est tisser une forme-pensée, une prose offerte à la trouée du vers, sans rien éluder des multiples expériences du vivre.
C'est s'éprouver toujours inconnu, intimement étranger à soi-même et étrangement lié à l'autre - et faire l'expérience que le dire qui nous fonde est toujours une adresse à autrui (à je ne sais qui).
C'est nouer ensemble des strates de pensée ou de perception de réalités hétérogènes (rugueuses, rétives ou éruptives), - et déployer un dire qui témoigne d'unmonde en l'inventant toujours autre - en avant de lui-même et à flanc d'impossible : car le récit, s'il est poème, ne colle pas à ce qui est, n'est ni conforme ni adéquat, ne restitue pas, mais performe, - invente et ouvre le possible à venir.
[.] C'est autour dumot Rromque se cristallise aujourd'hui le plus fortement cet enjeu.
-
Lecture de 5 faits d'actualité par un septuagenaire bien sonné
Julien Blaine
- Al Dante
- 12 Septembre 2016
- 9782847617276
Julien Blaine observe l'actualité. Observe et ré-agit. Il agit en utilisant, pour traiter cette actualité, les outils qu'il a façonnés tout au long de son enquête scientificopoétique pour retrouver la trace d'une langue originelle, une langue élémentaire qui remonterait aux racines du verbe, hors de toute révélation divine - enquête qui forme la charpente d'un chantier poétique commencé... il y a plus de 50 ans.
En 5 séquences, 5 faits (les crimes commis au nomde la religion, lamission spatiale Rosetta, Hillary Clinton prétendante à la gouvernance des USA, la lutte des ouvriers de Fralib et l'inacceptable situation des habitants de la Jungle de Calais), Julien Blaine dénonce 6000 ans de barbarie monothéiste, s'insurge contre le nihilisme cruel et inhumain des civilisations qui en découlent...et trouvent là de nouveaux indices pour nourrir son interminable quête d'une parole (multiple) d'avant les barbares.
Ici, le présent, dans toute sa fugacité, ne fait qu'un avec l'intemporalité du geste poétique.
-
Ce récit poétique raconte l'épopée d'une femme, une chasseuse-cueilleuse, dont la vie est une aventure de chaque instant pour sa survie. Une vie à vif, une aventure qui pourrait être la métaphore même du fait d'être, doublée d'une fable, ou plutôt d'un apologue de la féminité. Cela se passe hors époque, et dans un espace intermédiaire entre un ici et un ailleurs hypothétiques, comme dans un univers qui serait la contraction poétique entre société contemporaine et civilisation première.
Cette chasseuse-cueilleuse est en voyage, sorte de dérive initiatique, en compagnie d'un enfant, d'un bébé et d'un chien. Il s'agit de se nourrir et de nourir ; de protéger et d'être protéger ; de donner et de prendre ; de réinventer les liens entre masculin et féminin - en soi et envers l'autre ; de désapprendre pour mieux apprendre...
L'auteure place son récit dans un univers textuel complexe : poésies, listes, éléments visuels et iconiques, notes, dispositifs typographiques issus de la poésie concrète, annexes diverses.
Indice non négligeable : l'auteure sous-titre son récit «screwball ». En argot américain (la langue de tous les mélanges), ce mot désigne une personne singulière, excentrique, au comportement insaisissable. Ce terme argotique vient lui-même d'un terme technique utilisé au baseball (jeu populaire par excellence) : LA screwball (ici le féminin prend toute son importance) est une balle à effet, envoyée de telle manière que sa trajectoire est imprévisible.
-
Après 25 années passées de prison, et une semi-liberté (17-12-2007/2-10-2008) abrégée à cause de quelques mots délivrés à la presse, Jean-Marc Rouillan, militant du groupe Action Direct, est enfin " dehors " depuis mai 2011 - mais sous surveillance électronique (un bracelet électronique lui a été mis à la cheville), avec des horaires de sorties à respecter : en semaine de 10h à 20h30; le samedi de 14h à 19h.
Et obligation de rester enfermé chez lui le dimanche. Pendant ses premiers mois de liberté, Jean-Marc Rouillan s'immerge dans ce monde "du dehors ". Lorsque sa journée de travail se termine, et jusqu'à ce que sonne l'heure fatidique du retour obligé chez soi, il marche dans Marseille, rencontre et écoute les gens, observe leur façon de vivre, s'attache à comprendre ce qui les motive, s'intéresse à leurs problèmes, et aux multiples façons qu'ils gèrent (ou pas) leur quotidien, avec leurs joies, leurs colères et leurs doutes.
Ainsi, il rencontre des hommes et des femmes, des ouvriers, des chômeurs, des poivrots, des poètes, des artistes, des intellectuels, des gens de la rue, des gens biens sous tous rapports et des voyous. Des révoltés et des soumis. Ce livre, écrit dans la solitude du dimanche, présenté comme un carnet, se construit plus en bribes et en accumulations d'indices que comme successions de narrations construites.
Il note des gestes, des faits, des images, des mots, parfois importants, parfois a priori infimes (pas de hiérarchies dans ce qui est raconté) qui permettent de penser et de réagir face à ce monde de dehors (qui souvent fait penser à une autre forme de prison). C'est dans l'accumulation de ces indices, et dans la faculté du lecteur à les mettre en lien les uns aux autres que la matière à penser se construit.
Et le constat est plutôt triste : Derrière la rumeur des bars, des rencontres, des discussions, des amitiés affirmées et d'autres naissantes et des rires, s'entendent les démerdes individuelles, les arrangements avec la solitude, les paroles vaines, les révoltes étouffées, le tout sur un fond de mémoire politique effacée. Ce carnet est illustré de dessins de Marie-Claire Cordat. Dessins noirs, expressifs, violents, effectués à la lame de rasoir sur carte à gratter.
-
143 propositions sur la vie et la mort ; et autres petits traités
Jean-michel Espitallier
- Al Dante
- 24 Janvier 2011
- 9782847618648
...
Si la mort, qui est tout ce qui n'existe plus, n'existait plus, tout ce qui n'existe plus existerait encore, et la non-existence de ce qui n'existe plus n'existerait plus. Mais en n'existant plus, la mort ne pourrait faire exister ce qui n'existe plus et sa non-existence ferait ne pas exister la non-existence de ce qui a existé. La mort ne peut donc exister qu'en faisant exister ce qui n'existe plus.
D'où nous déduirons que c'est parce que ce qui a existé n'existe plus que la mort existe...
-
Ce récit en 25 courts tableaux, dresse le portrait sans concession d'un personnage (l'auteur lui-même), écrivain sans illusion, vivant chichement de l'AAH (allocation aux adultes handicapés - car déclaré, par les psychiatres, bipolaire à tendance paranoïaque), fan de foot et de poésie. Étant dans l'impossibilité de s'insérer dans une société dont il ne supporte ni les lois, ni les divertissements, ni les règles de sociabilité, l'auteur décrit la solitude, l'addiction aux drogues, au sexe et à l'alcool, le besoin d'amour, le refuge dans la lecture et l'écriture. Il se décrit volontier triste, laid,misérable et sale, à l'instar d'une civilisation dont il aborre la vulgarité et la violence, agissant ainsi dans la plus pure tradition punk, où l'on renvoie à la face de la société les stigmates mêmes de son infâmie.
Dans ce court roman autofictionnel, l'auteur traite de ce qui l'environne : la ville où il vit (Marseille), le milieu des poètes, les bobos, l'alcool, sa maladie, sa sexualité, la musique, la drogue, la violence, la littérature, le désespoir.
-
Avec Le rat empoisonné, Jann-marc Rouillan clôt une trilogie sur la chronique de samise en liberté. Dans Autopsie du dehors (paru enmars 2012), l'auteur raconte sa sortie de prison et son quotidien de relégué sous surveillance électronique. Le tricard (paru en septembre 2013) relate samise en liberté conditionnelle. La prison est toujours présente, dans la chair et dans lamémoire. Et le récit est émaillé de rencontres, de discussions, d'échanges.
Dans ce dernier opus, Jann-marc Rouillan continue d'explorer cemonde dont il futmis à l'écart pendant plus de 25 ans. Tout en composant avec les règles imposées par les juges : les interdictions de séjours, les interdictions de prises de paroles, les interdictions de rencontrer certaines personnes, etc., il tente de se construire une vie en dehors des murs de la prison. La portée plus évidemment réflexive de cette troisième chronique n'est pas seulement porteuse d'une analyse radicale de notre société, qui voit le gouffre se creuser entre classes dominantes et populations opprimées et exploitées. C'est également le témoignage, rarement porté, de la difficulté pour un ex taulard de reprendre le cours normal de sa vie. Et c'est ainsi que l'auteur raconte ses relations kafkaiennes avec les diverses structures administratives, juridiques, économiques... qui contraignent autrement que la prison, mais avec cette même implacable volonté de casser chez l'ancien prisonnier toute velléité de s'en sortir...
-
Écrivain de l'extrême, Jérôme Bertin nous emmène dans l'à-vif du présent. Chacun de ses livres est le reflet d'un conflit : de l'impossibilité de mener à bien son métier de vivre parce que trop en but avec la brutalité de ce monde. Il est en cela proche de ce qu'écrit Jean Genet, lorsque que ce dernier oppose la violence à la brutalité : la violence étant inhérent à toute pulsion de vie (l'enfantement, le rire, la joie, la révolte, les guerres de libératon...), tandis que la brutalité est dispensée sans compter par ceux qui ont pour but de brider ses pulsions de vie.
Le projet Wolfli est le récit sans concession d'un univers qui vit au rythme d'une guérilla extrême, où se confrontent des groupuscules d'horizons différents : des pires milices fascistes au factions utopistes pour qui la guerre ne peut être gagnée que par la mort. Ici les corps sont des marchandises, chair à canon où chair à plaisir, corps qui se nourrissent et se détruisent par les armes ou dans les partouzes. Entre Guyotat et Céline, ce roman participe au renouveau de la science-fiction...
-
Ossip Mandelstam écrit en 1933 une Épigramme contre Staline. Plusieurs personnes peuvent en prendre connaissance. Arrêté en 1934, il est déporté à Voronej, une grande ville sur le Don.
Dès 1935, il commence à écrire les poèmes des Cahiers de Voronej (demeurés longtemps inédits et publiés après sa mort par sa femme qui les avaient appris par coeur et sauvés ainsi de la censure).
Libéré, puis à nouveau arrêté, il meurt en 1938, dans un camp de transit.
Sont ici publiés la plupart des poèmes des "Cahiers de Voronej", avec les deux poèmes consacrés à Staline (L'épigramme contre Staline et le Poème à Staline, sans doute une dernière tentative du poète pour sauver sa vie).
Les poèmes des "Cahiers" approchent une sorte d'"écriture automatique" dans laquelle des phrases semblent sorties d'un chapeau. Les moments d'écriture, basés sur une sonorité, s'emboitent pour former une polysémie imposante.
Peu de poètes ont écrit avec un tel malheur pour mémoire, une détresse, comme une fatalité du deuil. Les poèmes, donc, cette mémoire du malheur et de la mort. Au mot à mot.
-
Dans cet ouvrage en 5 parties, Éric Pessan trace le portrait sans concession - mais avec ironie - de l'écrivain, en décrivant son statut et sa position, réels et fantasmés. Pour ce faire, l'auteur utilise plusieurs modes d'écritures : la poésie, la liste, les notes, l'enquête, le récit... Drôle, acide... mais fort lucide.
écrivain (n. m.) : monomane maniaco-dépressif qui compose des ouvrages à partir de ses plaies, dans le but d'atteindre une gloire universelle. Exerce généralement un autre métier et consacre ses nuits, ses week-ends, ses vacances et ses rtt à traquer la belle phrase. L'espèce des écrivains a été officiellement reconnue en voie de disparition.
-
Ce récit introspectif traite de la douleur d'être et des origines de cette souffrance. L'intérêt de ce texte, outre la beauté et la précision de la langue, est également dans sa dimension philosophique et politique (on retrouve ici tous les thèmes chers à Michel Surya, et que l'on retrouve dans ses nombreuses études sur Georges Bataille - dont son célèbre et indispensable La mort à l'oeuvre, plusieurs fois réédité aux éditions Gallimard - mais également dans sa série d'essais sur la domination - plusieurs ouvrages publiés chez Farrago, Léo Scheer et les Nouvelles éditions Lignes -, ainsi que développés au sein de la revue Lignes - qu'il dirige depuis 1987, et qui regroupe le plus vif de la pensée politique et philosophique contemporaine).
Le Mort-Né : un texte court, synthétique, qui ne laissera personne indifférent.
-
-
La poésie motleculaire de Jacques Sivan ; choix de textes de 1983 à 2016
Jacques Sivan
- Al Dante
- 13 Octobre 2017
- 9782847617153
le chantier poétique de Jacques Sivan (1955-2016) est certainement l'un des plus passionnant qu'il nous est donné d'explorer. Inventeur d'une écriture motléculaire (une écriture désaffublée des conventions et des codes contre lesquels l'auteur nous invite à résister), Jacques Sivan réinvente une langue qui reflète la complexité plurielle du monde tout en témoignant de son rapport au monde, de son expérience de vivre. Ici la poésie est pensée en action. Cette ouvrage, qui continue autrement ce chantier, donne à lire un important choix de textes écrits entre 1983 et 2016, sorte de bibliothèque portative qui permet d'appréhender toute la singularité de cette oeuvre. En ouverture, les préfaces de Vannina Maestri, Jennifer K. Dick, Jean-Michel Espitallier, Emmanuèle Jawad, Luigi Magno et Gaëlle Théval nous offrent quelques pistes de lecture pour mieux aborder cette poésie hors du commun, notamment en pointant les liens affirmés entre cet univers poétique et ceux d'ainés tels que Denis Roche
-
Agenda rouge de la résistance chilienne regroupe la presque totalité de la production poétique de Serge Pey liée au combat du MIR (Movimiento de Izquierda Revolucionaria) groupe révolutionnaire qui prendra les armes contre le fascisme. Ces poèmes furent écrit de 1974 (date anniversaire de l'assassinat de Miguel Enriquez, dirigeant historique du Mir), jusqu'en 1986.
Si les liens entre poésie et politique est au centre de la poésie de Serge Pey, ce livre en est, plus qu'un simple témoignage, le geste manifeste. En effet, la grande majorité de ces poèmes ont été écrits alors qu'il militait activement avec le MIR, notamment comme "facteur" (militant chargé de "passer" les messages secrets entre les divers combattants entrés dans la clandestinité). Et cette poésie mêle réflexions politiques, témoignages, pensées philosophiques, enseignements sur les modes de vie en clandestinité... mais surtout, donne à lire une poésie où philosophie et politique se confrontent à l'intime, dans une multiplicité des voix et des écritures.
Ce livre est également un voyage à travers les lieux et les luttes, voyage ponctué d'hommages à toutes celles et à tous ceux, célèbres ou inconnu-e-s, qui ont refusé la bride et la muselière du fascisme de Pinochet.
Serge pey invente une poésie où geste et écriture sont intimement liés. Sa participation à l'écriture de l'art-action est essentielle (plusieurs centaines de performances à travers le monde). Poèmes d''actions, poèmes directs, poèmes politiques, poèmes de luttes, poèmes métaphysiques :Serge Pey mêle l'écriture poétique à la performance, au happening et aux arts visuels, et invente une nouvelle façon du poème. Dans la transgression de toutes les frontières de l'art (plasticien, musicien de la voix, écrivain, philosophe direct - il conçoit la poésie comme une "philosophie-action" - performeur, poète sonore), ce réalisateur de poésie physique a porté les relations entre l'écriture et l'oralité à des sommets rarement atteints.
Serge Pey a toujours affirmé une poésie du combat politique : " Serge Pey un des très rares, sinon peut-être le seul à ma connaissance, aujourd'hui, qui écrit une poésie que j'appellerais une poésie politique. Pas au sens où du temps d'Éluard et de son ode à Staline on parlait de poésie engagée, mais au sens où Maïakovski faisait d'un poème d'amour un poème politique. Parce qu'un poème d'amour est un poème politique " (Meschonnic).
-
Consume rouge ; post-poèmes de combat ; death by a thousand sources
Sylvain Courtoux
- Al Dante
- 10 Avril 2014
- 9782847617764
À travers ce dispositif poétique totalement autobiographique, Sylvain Courtoux se met en scène comme membre d'un espace poétique régi selon des règles sociétales proches de celles en vigueur dans tous les secteurs sociaux-professionnels. Il y raconte sa manière d'aborder ce milieu : ses affres, ses espoirs et ses angoisses ; il en décortique le fonctionnement et les codes ; il voit comment cet espace poétique devient, à l'instar de n'importe quel espace artistique, un lieu où se jouent des enjeux d'argent et de pouvoir, à travers des systèmes de starification et de marginalisation qui, s'ils touchent peu de personnes et semblent bien dérisoires en regard des arts de la scène, produisent le même effet sur les poètes, qui en acceptent, voire en appellent les protocoles.
Ce texte, qui semble comme " écrit de l'intérieur ", révèle également la part intime de l'auteur (déjà exposée dans Still nox : ses addictions, le suicide de sa mère, ses relations avec la famille, les ami-e-s, la société, etc.), ses réflexions sur la poésie et les techniques d'écritures utilisées par ses contemporains et par lui-même, ainsi que sur le rock : musique, addictions et poésie formant l'essentiel de son univers (cf.?Strangulation blues).
En accompagnement du texte, l'auteur nous propose d'écouter un CD d'une musique bruitiste obsessionnelle qu'il a lui-même écrite : il ne s'agit ni d'une bande-son, ni d'une illustration sonore, encore moins de poésie sonore... mais si Consume rouge est la décalque textuelle de l'univers mentale de l'auteur, cette musique, au titre évocateur de Dead By A Thousand Sources, en est la décalque sonore. En ce sens, elle est également à prendre comme un document, qui fait partie intégrante du dispositif global.
Devant ce texte, nous sommes face à une oeuvre manifeste dont la poésie est à la fois le sujet, l'objet, le prétexte et la force tutrice. la part fantasmée et le réel objectivé. le point de départ et le but.
Ici l'auteur est diffus dans chacun des mots ; à un tel point que la vie de l'auteur n'est plus seulement un chantier poétique, mais c'est l'idée même de poésie qui fabrique l'auteur.
Sans nul doute, ce livre se pose déjà comme l'un des principaux jalons de la nouvelle cartographie poétique.
-
Jacques Sivan, pour raconter son rapport au réel, a créé une langue qui n'appartient qu'à lui : un genre d'écriture phonétique désaffublée de toute règle imposée, une langue qui serait incarnée, rendue charnelle par sa confrontation au monde.
Dans Des vies sur deuil polaire, Jacques Sivan invente une autre planète peuplée, comme la Terre, d'individus mortels. Il en dresse le portrait de quelques-uns. Chaque portrait est fragmenté et parasité par une écriture qui tient autant d'une langue « autre » que du brouillage sonore, un brouillage qui serait provoqué par le frottement d'une autre temporalité, d'une autre dimension. Et pourtant : les habitants de cette autre planète peuvent aisément nous faire penser que nous avons affaire à une décalque assez exacte de notre propremonde. Comme si lamise en abime ici instaurée par cet effet demiroir nous permettait, non sans un certain vertige, de mieux comprendre le fonctionnement de notre monde.
Et d'ailleurs, entre l'écriture « lisible» et celle a priori « illisible », est-on sûr de savoir reconnaître celle qui serait « la notre », et celle qui viendrait « d'ailleurs » ?
-
Tentaculeux et tuberculaires est un amas de textes qui témoignent d'un fort sentiment du renforcement des puissances d'enfermements, et de l'urgence de créer des stratégies de fuite tous azimuts.
Ce livre est à la fois textes scandés et répétitifs - pour énerver, comme l'essoreuse d'unemachine à laver - et tentative d'écrire ce qu'il est convenu d'appeler une histoire, celle d'un enfermement multiforme, et de l'échec des substancesmiracles pour y remédier - de ses substances aliénantes que sont ces biens qu'on nous pousse à consommer afin d'atteindre un bonheur qui s'éloigne pourtant de plus en plus.
Une poésie en prose, une prose trouée, vive etmouvante, en tentacules (la télé, l'argent, lesmarchandises...) et tubercules - qui poussent,énervent, témoignent de dislocations - des vies, des esprits - et des solitudes - parmi les bruits et les foules. Ici, le matériau textuel qui raconte l'individu est emprunté à l'actualité : la dette, la Grèce, les banques, la violence du quotidien, etc.
-
Un ABC de la Barbarie (ou Bréviaire des bruits) se présente comme un recensement des lieux communs de la Barbarie, de ceux qui ponctuent le langage journalistique comme autant de slogans affirmatifs, puis qui finissent par infiltrer, à notre insu, le langage commun.
Cet abécédaire est entrecoupé d'une multitude d'éclats empruntés à ce qui formerait, dans le temps et au-delà les frontières, une machine de guerre contre la barbarie : citations de poètes, d'écrivains, de philosophes ; titres d'oeuvres d'arts, de chansons, d'oeuvres musicales, de pièces de théâtre... toute cette production artistique qui, se plaçant radicalement du côté de la vie par sa dimention inventive et critique, produit des outils réflexifs essentiels pour qui décide d'être en résistance.
Qui charpente ce dispositif littéraire moderne, un appareillage de notes raconte le roman de ce livre - où l'auteur nous narre la naissance et la réalisation de cet ouvrage par trois amis, les discussions et événements décidant de tel ou tel choix, les doutes et décisions pris par le dernier d'entre eux, suite à la disparition successive de ces deux accolytes.
Cet ouvrage, ultra contemporain tant par sa facture que par sa dimension critique, décrypte avec une vive précision la langue des médias, étudie son fonctionnement, et l'impact propagandiste qu'elle peut avoir sur les gens.
Déjà publié en 1998, ce roman de la langue rencontra un vif succès, et fut souvent cité dans des ouvrages théoriques sur la littérature contemporaine, mais également politiques ou philosophiques.